Les balladuriens veulent donner du carburant à la consommation

Deux tiers des députés de la majorité se prononcent en faveur d'une « politique de rupture », devant « l'ampleur de la crise ». Ce diagnostic, établi par l'Express à l'issue d'un sondage auprès de 241 élus, témoigne de l'ampleur du désarroi qui frappe actuellement la majorité. La stratégie économique, fixée par Jacques Chirac le 26 octobre dernier, est-elle la bonne ? Les députés en doutent, se déclarant favorables, pour 62 % d'entre eux, à un assouplissement, voire à un abandon des critères de Maastricht. Nicolas Sarkozy s'est fait ce week-end le porte-parole de cette orientation. Hier, au Club de la presse d'Europe 1, il s'est prononcé pour une « pause fiscale non pas en 1997, quand la croissance sera revenue, mais dès 1996, parce que c'est dès 1996 que nous avons besoin de soutenir la consommation ». Ce soutien passerait par un report d'un an du RDS, ce prélèvement sensé intervenir au plus tard en février prochain (voir Voir Evenementpage 7). Pour l'ancien ministre du Budget, il n'est plus envisageable, en effet, de ponctionner la consommation comme prévu, à hauteur de 100 milliards, compte tenu de la chute de la croissance. Le maire de Neuilly propose même au gouvernement d'instituer un allégement de 50 % du premier tiers provisionnel d'impôt sur le revenu, les contribuables pouvant régler tout leur impôt en fin d'année. Objectif : donner du « carburant à la croissance ». Et il se se déclare opposé à la fiscalisation des allocations familiales, qui devrait entrer en vigueur en 1997. Si le porte parole du gouvernement, Alain Lamassoure, a écarté fermement tout report à l'année prochaine du RDS, il s'est montré ouvert au débat sur les allocations familiales, affirmant lors de l'émission RTL-Le Monde que cette question serait « soumise à concertation avec les partenaires sociaux ». Réclamant un soutien à la consommation, Nicolas Sarkozy n'est pas favorable, pour autant, à une remise en cause générale de Maastricht. Comme l'ensemble des députés de la majorité d'ailleurs qui, s'ils étaient appelés à se prononcer aujourd'hui sur le traité, continueraient de voter massivement pour, selon l'Express. Le maire de Neuilly rappelle simplement que l'endettement public est, en France, inférieur à celui constaté en Allemagne : 52% du PIB contre 60 %. Ces interrogations sur Maastricht sont partagées par certains leaders de l'opposition. Ainsi Jack Lang affirme-t-il que « ces contraintes [de Maastricht] que nous avons acceptées contractuellement doivent nous inciter à faire de vrais choix », à s'interroger sur les secteurs d'avenir dans lesquels investir massivement. Confronté à ces remises en cause, le gouvernement semble désarmé. Quels leviers peut-il actionner pour redonner un peu de tonus à une croissance anémique? « Nous ne pouvons distribuer de l'argent », a affirmé hier Alain Lamassoure. Quant aux hausses de salaires, « c'est ce qu'a déjà fait le gouvernement Juppé ». Le gouvernement se contente donc d'essayer de rétablir la confiance. La confirmation officielle de l'abandon de la réforme fiscale participe de cette volonté de rassurer. Et ensuite ? Durant les prochains mois, Alain Juppé va surtout mettre en oeuvre la réforme annoncée de la Sécurité sociale et s'attaquer au dossier de l'emploi. En attendant, il va devoir affronter une succession de « mauvais » chiffres, notamment sur le front du chômage. A moyen terme, il peut espérer que la politique la baisse des taux d'intérêt portera ses fruits. Alain Lamassoure estime que les choses iront mieux « à partir du printemps ». Mais les économistes soulignent le décalage entre la réduction des taux d'intérêt et son impact sur l'activité. Ivan Best
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