Bernard Tapie déchu de son mandat de député des Bouches-du-Rhône et de celui de député européen ? La voie est désormais ouverte pour le lancement de la procédure, après le rejet du pourvoi formulé devant la Cour de cassation. Bernard Tapie « défait » de sa couronne de chef d'entreprise conquérant, capable de tout et plus malin que les autres ? C'est sans appel, avec la confirmation de sa liquidation judiciaire personnelle. Bernard Tapie privé de l'aura du sportif faisant renaître l'Olympique de Marseille ? C'est fait. Plus dure est la chute. La justice est « accrochée à ses basques », ne le lâche plus. Et l'homme ne comprend pas, ne comprend plus, ou comprend trop bien. Au point qu'il s'apprête à saisir la Cour européenne des droits de l'homme, estimant « inadmissible qu'un criminel soit mieux traité qu'un commerçant ». Le ressac de l'Histoire est terrible. Lui qui se voyait déjà en patron « exemplaire ». Lui qui déclarait haut et fort qu'il serait « aux années 90 ce que Jean-Luc Lagardère a été aux années 80 ». Lui que certains imaginaient déjà en Premier ministre, lui que des politiques revêtissaient de l'habit de président de la République... Une partie du monde des affaires le consacrait - dans tous les grands médias - comme le modèle du « nouvel entrepreneur », l'autre grinçait des dents devant « tant d'insolence et d'incongruité ». Des politiques le courtisaient parce qu'il était « l'ami » de Pierre Bérégovoy et de François Mitterrand, pendant qu'une majorité riait sous cape ou s'évertuait à casser l'élan de celui en qui l'on voyait un opportuniste devenu bien encombrant. Tapie « super star », Tapie « super illusionniste », Tapie « super mystificateur ». La justice tranche aujourd'hui. Comme elle a tranché pour Alain Carignon et Jean-Louis Dutaret. Drame, farce, comédie : « acta est fabula », la pièce est jouée, comme l'on disait dans le théâtre antique.

latribune.fr

26 Sept 2008, 3:07

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