La France et l'Allemagne peinent à accorder leurs violons

« Le raidissement allemand sur les 3 % de déficit public est une conséquence immédiate des propos maladroits tenus en France. » En une phrase, tout est dit pour Andreas Schockenhoff, député CDU, venu ces derniers jours à Paris pour dissiper certains malentendus concernant la préparation de la monnaie unique. Pour ce jeune parlementaire proche du chancelier Kohl, qui a rencontré Pierre Moscovici, ministre délégué aux Affaires européennes, ainsi que des députés de différents bords, notamment François Bayrou, les Français ont donc clairement une responsabilité dans la surenchère verbale qui a culminé, outre-Rhin, avec le fameux « trois-virgule-zéro » martelé par Theo Waigel et repris par Helmut Kohl. Une allusion directe au Pacte de stabilité, qualifié d'« absurde » par Lionel Jospin pendant la campagne électorale, ou aux déclarations aventureuses de Pierre Moscovici, démenties le jour même d'Amsterdam, où les Quinze étaient réunis. « Très près » des 3 %. Pour Andreas Schockenhoff, qui regrette que certains pays rejettent toujours leurs difficultés internes sur l'intransigeance allemande, « le mieux pour le moment est de se taire » et d'attendre les échéances normales prévues par le traité de Maastricht, c'est-à-dire le printemps 1998. A cette époque, sera connu l'état de la convergence chez les Quinze. Tout en refusant de se livrer à toute spéculation sur les chiffres, il admet pourtant que l'Allemagne sera « très près » de la barre des 3 %, mais au-dessus bien sûr, et se déclare « certain que la France va respecter les critères » : un déficit public français de l'ordre de « 3,2 % ou 3,3 % » ne semble ainsi pas constituer pour lui un véritable obstacle à la participation de Paris à la monnaie unique. La seule certitude d'Andreas Schockenhoff ? « Il n'y aura pas de retard pour l'euro. En matière d'Europe, il y a eu une seule fois un retard, pour la CED... », Communauté européenne de défense, qui précisément n'a jamais vu le jour. La France prête pour l'euro. Côté français, on affirme également que l'euro verra le jour à la date prévue. « La France est prête pour l'euro » a déclaré cette semaine le ministre des Finances, Dominique Strauss-Kahn. « Le fait que le gouvernement ait des idées précises qui ne sont pas rigoureusement les mêmes que celles de nos partenaires sur la manière dont le traité de Maastricht doit être mis en oeuvre ne veut pas dire qu'il y a desdoutes » sur l'UEM. Paris devrait tout faire, cette année, pour ramener les déficits à environ 3,3 % du PIB, niveau qui semble donc « acceptable » en Allemagne. Cette réduction de 0,4 % du PIB par rapport à la tendance des déficits suppose une augmentation de certaines recettes fiscales (voir ci-dessous). Pour autant, on regrette évidemment que le chancelier Kohl ait été contraint, pour des raisons de politique intérieure, de s'aligner sur la position de Theo Waigel en faveur d'un respect strict des 3 %. Alain Baron et Ivan Best
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