La majorité doute, les critiques fusent

Quand il a déclaré, lors du Conseil des ministres du 13 décembre, qu'il n'y avait « pas d'alternative » à la politique actuelle du gouvernement, Jacques Chirac n'a en aucun cas convaincu sa propre majorité. L'enquête menée par l'Express auprès de 241 députés de droite montre que, pour 58 % d'entre eux, une autre politique est possible. Mais les stratégies politiques (le RPR ne peut lâcher l'exécutif confié à deux de ses membres) se mêlent aux facteurs économiques pour rendre difficilement lisible cette « autre politique ». L'UDF serait plutôt favorable à une politique de rupture, mais sans que soient modifiés les critères de Maastricht concernant les déficits publics. En revanche, les gaullistes souhaiteraient un assouplissement de ces critères, un quart d'entre eux étant prêts à revenir sur l'indépendance de la Banque de France. Cette majorité parlementaire reste sceptique vis-à-vis d'Alain Juppé, puisque 43 % des députés de droite choisiraient un autre Premier ministre. Ils placent en tête de leur préférence - indice supplémentaire de la confusion actuelle - Edouard Balladur, qui n'est pas vraiment le chantre d'une autre politique. Deux fidèles partisans de l'ancien Premier ministre, Nicolas Sarkozy et François Léotard, ont fait entendre leurs différences hier. Le maire de Neuilly a exprimé ses doutes sur les principaux dossiers sensibles du moment : le RDS, dont le paiement dès février serait « une erreur » ; l'inscription de la notion de service public dans la Constitution, qualifiée de « grand danger » ; la réduction du temps de travail pour créer des emplois, assimilée à « une illusion ». « Il y a un moment où l'on ne peut pas faire le contraire de ce qu'on a dit aux gens », a-t-il rappelé dans une claire allusion à la campagne présidentielle de Jacques Chirac. De son côté, le président du PR, qui « réfléchit à des politiques alternatives », a énuméré « avec une petite ironie » les différents reports gouvernementaux et trouvé « dommage » que la réforme fiscale soit retardée. Cette décision continuera sans doute de faire des vagues dans la majorité. Alain Madelin, en décembre, la qualifiait de réforme la plus importante du septennat. Raymond Barre, samedi, a fait part de ses - sombres - prévisions, en estimant que les réformes seraient « d'autant plus sévères que l'on aura attendu longtemps pour les prendre ». La confiance que le pouvoir sollicite des Français n'est pas, pour l'heure, perceptible dans sa propre majorité. E. M.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.