Des expériences de relance difficilement renouvelables

Alors que des élus de la majorité s'interrogent sur l'opportunité de donner plus « d'aliments » à la croissance, pour reprendre l'expression du Premier ministre, peut-on tirer expérience des tentatives de relance précédentes ? L'examen des politiques menées en 1975 ou 1981 incite à répondre par la négative. Le contexte n'est, de fait, en rien comparable. En 1975, Jacques Chirac, Premier ministre, opte pour la relance budgétaire. Mais l'Etat a alors, les moyens de cette politique. Pour preuve : quand le gouvernement choisit cette stratégie, il a en mains les chiffres du budget 1974, qui font état d'un... excédent budgétaire de 4 milliards de francs. Voilà pourquoi, sous l'impulsion du chef de l'Etat, Valéry Giscard d'Estaing, il peut se permettre d'augmenter les dépenses de l'Etat de quelque 28 % d'une année à l'autre. C'est notamment par une relance de l'investissement que l'économie est alors dopée. Les investissements publics sont accélérés (poste et télécommunications, SNCF), les dépenses d'équipement privées vivement encouragées. Près de 10 milliards de francs d'allégements fiscaux (soit 35 milliards de francs actuels) sont prévus en faveur de l'investissement des entreprises, à travers la diminution de la TVA et un amortissement plus rapide des équipements. La consommation n'est pas oubliée : hausse des allocations pour les familles nombreuses et les personnes âgées. Conséquence de cette politique budgétaire généreuse : un retour à la croissance dès le second semestre 1975, mais aussi une explosion du déficit, qui atteint 43 milliards (soit 150 mil liards actuels). En 1981, quand François Mitterrand décide d'appliquer son programme électoral, les finances publiques ne sont pas totalement rétablies. Le déficit représente 60 milliards de francs actuels en 1980. Le gouvernement Mauroy décide tout de même d'augmenter les dépenses de l'Etat de 21,5 % par rapport à 1980, soit dix points de plus que l'inflation. Le déficit est plus que doublé, atteignant fin 1981 quelque 150 milliards de francs actuels. On parie alors sur une reprise de la croissance mondiale qui ne viendra pas. Conséquence : le sévère plan de rigueur de Jacques Delors, en mars 1983...
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