Oublier Vilvorde

« C'est le drame de la gauche, assure la Croix. Toutes ses prétentions à tordre le cou à la logique du marché finissent par se heurter au réel et se terminent par d'indispensables compromis. » « Depuis le temps, renchérit dans le Figaro Franz-Olivier Giesbert, les Français devraient avoir l'habitude. A chaque campagne électorale, on leur promet la croissance, la lune et le reste... On fait même croire aux ouvriers de Vilvorde qu'on ne fermera pas leur usine. A l'arrivée, bien sûr, il n'y a plus rien, ni personne. » Eric Le Boucher, dans le Monde, est plus compréhensif : « Contraindre Renault à aller contre son intérêt industriel aurait provoqué, outre la démission de son PDG, un véritable séisme. Car le message eût été celui d'une rupture avec l'économie ouverte, que la partie la plus à gauche de la majorité revendique, mais que M. Jospin n'a jamais imaginée. » La Lettre de l'Expansion préfère considérer que le gouvernement, jugé « habile » par les milieux d'affaires, a encore du pain sur la planche pour empêcher « une dérive gauchisante de sa majorité ». En effet, souligne la Lettre, « les jeunes parlementaires socialistes, les femmes notamment, ne s'intéressent qu'à des mesures de relance rapide, à l'emploi des jeunes et aux problèmes de proximité ». Faudrait-il oublier Vilvorde ? Certains, comme M. Devliegher, directeur des ressources humaines chez Joroca, qui fabriquait les sièges des Mégane produites en Belgique, le veulent bien. Et pourtant, l'usine qui emploie 160 personnes a perdu, avec Renault Vilvorde, son unique client ! Question de la Croix : « Aviez-vous été informé de la fermeture ? » « Pas du tout, nous l'avons apprise comme tout le monde, par la radio. » Et le jeune DRH de soupirer : « Il faut sortir d'un ancien mode d'organisation, avec d'un côté les travailleurs, de l'autre les dirigeants. Mais l'avenir est à la flexibilité. C'est la vie. Elle est dure. J'aurais voulu, bien sûr, que les choses se passent autrement. Mais on ne peut nier la réalité économique. Le plus difficile sera pour les ouvriers... Moi, j'ai eu la chance de faire des études, d'avoir une expérience professionnelle de valeur. Je vais devoir transformer la perte en bénéfice. » Thierry Devliegher a de la chance... Il a trente et un ans. L'âge de l'emploi justement !
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