Séguin président

Onze ans. Que cela passe vite, onze ans... C'est le Philippe Séguin 86 qu'on a revu hier, dans la rétrospective des 7 sur 7 d'Anne Sinclair. OEil enjôleur et l'air d'un gros bébé nourri à la Phosphatine, l'homme jurait déjà la main sur le coeur « qu'il se sentait très bien au RPR ». Et aujourd'hui donc, comment va le nouveau président, que le Monde appelle purement et simplement « le repreneur »? Bien, sans doute, même si le député-maire d'Epinal confiait, à quelques heures de recevoir le RPR en héritage : « Son image est déplorable. Il y a les affaires. Des juges d'instruction partout. C'est un truc qui n'a rien produit sur le plan intellectuel depuis vingt ans. » Commentaire de Jean-Louis Saux : « Philippe Séguin a son franc-parler et c'est bien ce qui pose problème ! » Mais c'est bien aussi ce qui justifie, depuis des années, l'intérêt de la presse pour une forte personnalité qui ne manque pas d'idées et ne les cache pas sous des prudences de langue de bois. La preuve ? Le résumé de la situation tel que Séguin l'aurait présenté l'autre jour, dans l'avion qui le ramenait de Marseille : « Jospin Premier ministre, lui qui ne demandait rien à personne, Juppé à la porte, et moi chef de parti !... Sans parler du président qui... » La phrase s'arrête là ! Le complément est peut-être dans le Point, où Catherine Pégard remarque qu'à tous les tournants de la vie politique de Jacques Chirac, Séguin était présent. « Cette union de raison entre les deux hommes, écrit-elle, peut conduire au meilleur ou au pire. Mais c'est parce que le doute est revenu sur Jacques Chirac lui-même qu'un mois après les élections se pose déjà la question de la future compétition présidentielle. » Guy Carcassonne observe, lui aussi dans le Point, que dans les systèmes modernes « ce n'est plus le parti qui fabrique le leader mais le leader qui sculpte le parti. A son image, à son usage, mais malheureusement avec la même glaise qui ne peut servir à deux sculpteurs en même temps ». C'est une première dans l'histoire de la Ve République, constate de son côté le Journal du dimanche. « Voici en effet un président gaulliste qui voit un parti dont il est le fondateur lui échapper et élire à sa tête un rival prévisible. » Et Alain Genestar de conclure : « Jacques Chirac paie au prix fort la facture des élections perdues. » C'est le moins qu'on puisse dire.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.