Bill Clinton préfère le statu quo aux communistes

Prestige personnel et sécurité nationale : Bill Clinton joue très gros dans l'élection présidentielle russe. Officiellement, le gouvernement américain soutient le principe des « réformes économiques et démocratiques », et non telle ou telle personnalité. En fait, il est évident qu'il souhaite la victoire de Boris Eltsine. Bien qu'il existe des différends entre Moscou et Washington, les Etats-Unis ont soigneusement évité toute friction publique avec le Kremlin depuis le début de la campagne électorale. Pourquoi Clinton a-t-il si peur d'une Russie sans Eltsine ? Pour des raisons stratégiques et électorales. « Nous avons observé avec attention ce que Guennadi Ziouganov et le Parti communiste ont proposé au Parlement, et ce que nous avons entendu nous inquiète, notamment l'idée de renationaliser l'économie et de recréer l'URSS », dit Strobe Talbott, principal architecte de la politique russe au département d'Etat. Loin d'être considéré comme l'allié idéal, Eltsine est néanmoins jugé hautement préférable à Ziouganov du point de vue de la sécurité des Etats-Unis. « La Russie a opté pour une certaine stabilité nucléaire, la coopération militaire avec l'Occident, la collaboration en politique étrangère au sujet de la Bosnie, du Proche-Orient, de la sécurité européenne, de l'Asie du Sud-Est, de l'Afrique et de l'Amérique latine , explique Nicholas Burns, porte-parole au département d'Etat. Cette coopération va bien au-delà de ce que nous avions pu réaliser avec Gorbatchev. » Un test à quatre mois de la présidentielle américaine Bill Clinton a aussi personnellement intérêt à voir triompher Boris Eltsine. Le président américain a tellement investi dans la réélection de son homologue russe qu'une victoire communiste ternirait gravement son image à quatre mois de la présidentielle américaine. La défaite d'Eltsine serait perçue comme la défaite de Clinton. Une humiliation dont le candidat républicain à la présidentielle, Bob Dole, se saisirait immédiatement pour démolir un adversaire déjà affaibli par le retour des affaires. Dole, dont les positions sur la Russie sont en fait proches de celles de Clinton, accuserait immanquablement son rival d'être responsable du retour du communisme en Russie - une accusation plus redoutable aux Etats-Unis qu'ailleurs. Le républicain reproche déjà au démocrate de faire preuve de « romantisme » à l'égard de la Russie, d'avoir été insensible au retour des communistes et d'avoir fermé les yeux sur les atteintes portées par Moscou aux accords de contrôle des armements. L'administration Clinton s'est préparé une position de repli au cas où l'impensable arriverait. Elle a pris soin d'établir des contacts avec la plupart des groupes d'opposition russes. Elle fait valoir qu'une victoire communiste ne signifierait pas un retour automatique à la guerre froide. Selon elle, la population russe saura exiger le maintien des pratiques démocratiques auxquelles elle s'est habituée. Quel que soit le futur président de la Russie, les Etats-Unis jugeront leurs relations futures avec la Russie selon les nombreux critères suivants : poursuite de la coopération sur le désarmement nucléaire, maintien des nouvelles frontières de la Russie, respect de l'indépendance et de l'intégrité territoriale des ex-républiques soviétiques, application des divers traités internationaux allant des armes chimiques à la réduction de l'arsenal nucléaire, poursuite des réformes économiques et de l'établissement d'un régime démocratique en Russie. Jean-Marie Macabrey, à Washington
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