Thomson, prochaine étape des restructurations

Après la Direction des constructions navales (DCN), après Dassault-Aerospatiale et avant la grande réforme de la Délégation générale pour l'armement (DGA) prévue pour le 1er septembre, les pouvoirs publics, qui remettent à plat le secteur de l'armement, vont devoir trancher sur Thomson. Jacques Chirac dévoilera-t-il un coin du voile à l'occasion de son intervention du 14 juillet, comme certains lui en prêtaient l'inten- tion ? Dans son entourage comme au gouvernement et au ministère de la Défense, beaucoup plaident désormais pour qu'il n'en soit pas ainsi. D'abord, parce que le dossier Thomson relèverait, comme Dassault-Aerospatiale, du gouvernement, même si l'Elysée s'y implique. Ensuite, parce que la date du 14 juillet paraît prématurée aux yeux de plusieurs protagonistes. La direction de Lagardère Groupe, candidat face à Alcatel Alsthom pour la reprise de Thomson, particulièrement pour sa grande filiale d'électronique de défense CSF, a récemment indi- qué que les firmes intéressées remettraient avant la fin juin leur projet avec une fourchette de prix et devraient finaliser leur plan de reprise chiffré avant la fin juillet. Au sein du gouvernement, certains espèrent pouvoir esquisser le montage de reprise du groupe Thomson d'ici au 20 juillet. Mais Marcel Roulet, nommé par les pouvoirs publics en février dernier à la tête de Thomson pour remplacer Alain Gomez, limogé, et préparer la privatisation pour 1996, a estimé vendredi, lors de l'assemblée générale de Thomson CSF, que la décision devrait être prise à l'automne si la privatisation doit bien avoir lieu cette année. Lagardère toujours dans la course Alcatel Alsthom est donné favori. Son PDG, Serge Tchuruk, a tenu à être présent sur le stand de son groupe pour accueillir, il y a une semaine, le ministre de la Défense Charles Millon qui a inauguré l'exposition d'armement terrestre Eurosatory, près de Paris. Côté Lagardère Groupe, c'est le directeur général et PDG de Matra Défense Espace, Noël Forgeard, et non Jean-Luc Lagardère lui-même, qui a accueilli le ministre. De même, Alcatel continue à proposer, comme l'a demandé le gouvernement, une reprise globale de tout le groupe Thomson. Alors que Matra n'est intéressé que par Thomson CSF et s'est allié au coréen Daewoo - avec l'aval des pouvoirs publics, affirme Lagardère Groupe - pour reprendre l'électronique grand public Thomson Multimédia. Mais la différence ne serait que de façade : on prête à Alcatel le projet de s'allier, lui aussi, pour le multimédia - tout en conservant les activités stratégiques du numérique - avec un sud-coréen, Samsung, voire également avec un américain comme Nynex ou ATT, Thomson Multimédia étant très présent outre-Atlantique via RCA. Lagardère Groupe est donc loin d'avoir perdu la partie. D'ailleurs, son argument de vouloir avant tout constituer un grand groupe européen d'électronique de défense autour de Thomson (donc d'un axe français) est désormais repris par tous : du gouvernement à Alcatel Alsthom. Exactement comme la volonté des pouvoirs publics de constituer, dans la foulée de la fusion Aerospatiale-Dassault, un pôle aéronautique européen. O. P.
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