Née un 4 juillet

Par latribune.fr  |   |  241  mots
Il est des jours où l'Eu- rope signifie à ce point contraintes et sacrifices qu'on l'enverrait volontiers par-dessus les moulins ; Europe des 3 %, des critères de Maastricht et du chômage ; Europe des lendemains douloureux et incertains dont on voit mal pourquoi elle justifierait des abandons de souveraineté, monétaires ou autres. Et puis il est des jours où l'Europe nous rappelle que, sans elle, il n'est point d'avenir pour l'Europe. De ce point de vue, une ère nouvelle est peut-être née ce vendredi 4 juillet : un comité consultatif d'experts européens a conseillé à la Commission, à l'unanimité, de rejeter la fusion de Boeing et de McDonnell Douglas, à laquelle, trois jours auparavant, la Commission fédérale pour le commerce des Etats-Unis (FTC) n'avait rien trouvé à redire. Ces experts, qui savent que l'objectif de Boeing-MDD est la mort d'Airbus, jugent inacceptable qu'un seul constructeur puisse si outrageusement dominer le marché des avions commerciaux de plus de 100 places. Boeing n'a-t-il pas déjà négocié des contrats d'exclusivité à long terme avec des compagnies représentant 40 % du marché américain ? Certes, l'avis des experts n'engage pas la Commission, mais celle-ci pourra y trouver un solide argument pour dire « non » à Boeing. En d'autres temps, aucun pays européen n'aurait pu prononcer ce mot seul. Mais, compte tenu de ses pouvoirs d'amende et de poursuites, Bruxelles, le 23 juillet, peut changer la donne. Quitte à ouvrir résolument une crise ouverte avec Washington, commercialement plus arrogant que jamais.