Alain Juppé est-il devenu mitterrandien depuis qu'il est à Matignon ? La question mérite d'être posée, car le Premier ministre ne cesse de demander du temps aux Français. Du temps pour accomplir les mutations de société nécessaires à la modernisation du pays. Du temps pour permettre à la croissance et à l'emploi de revenir. Du temps pour que chacun ait sa chance. Pour gommer les disparités. Il n'a aucune hésitation, Alain Juppé. Cela marchera. Et point n'est besoin de changer le cap. Convaincu, inébranlable, il se veut le Premier ministre qui ne recule pas, qui ne bronche pas devant l'obstacle. Les Français sont-ils trop pessimistes ? Il n'est pas loin de le penser, en affirmant haut et fort que « si tout ne va pas bien, il n'est pas vrai que tout va mal ». Les Français sont-ils trop critiques sur son action ? Alain Juppé l'estime profondément. Le gouvernement va vite sur les dossiers chauds, les affaires de la « vache folle » et de l'amiante sont là pour le prouver. Tout comme les réformes enclenchées, de la Sécurité sociale à la Défense en passant par l'Education nationale, France Télécom, et EDF. La conviction est si forte qu'Alain Juppé « se cramponnera à cette politique ». Tant pis pour les séguinistes, les balladuriens et les léotardiens, qui doutent. Sans oublier Alain Madelin et ses amis. « Circulez, il n'y a rien à voir ! » Si ce n'est un Premier ministre résolu à mener à bien sa tâche, un Premier ministre qui a sur son bureau nombre de devoirs de vacances. Les impôts seront réduits, les privilégiés de la fiscalité seront traqués. Tout cela nous promet une rentrée agitée. Pendant qu'Alain Juppé campe sur ses convictions, les syndicats, FO en tête, raidissent leurs positions. Alain Juppé nous donne rendez-vous en septembre pour le budget, tandis que Marc Blondel organise déjà un vaste mouvement de contestation. Ceux qui croyaient quitter les grandes cités l'esprit allégé se trompaient. La rentrée est commencée avant même le départ en vacances.

latribune.fr

26 Sept 2008, 3:05

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