Des deux côtés du Rhin, la reprise repose avant tout sur les exportations

L'ALLEMAGNE peut compter sur une accélération de la croissance pour maintenir ses déficits à 3 % du PIB en 1998 sans nouveau plan de rigueur ? La question vaut tout autant pour la France. La similitude des conjonctures allemande et française est en effet frappante. Les deux poids lourds de l'économie européenne connaissent depuis plusieurs années des rythmes de croissance très similaires. Après avoir atteint 1,4 % en Allemagne et 1,5 % en France l'an passé, la croissance du PIB accélérerait cette année à 2,5 % chez nos voisins et 2,3 % de ce côté-ci du Rhin. Il n'est donc guère surprenant que Paris et Bonn rencontrent les mêmes difficultés à réduire leurs déficits publics. Demande intérieure anémique. Pour les deux partenaires, les exportations constituent pour l'heure presque le seul moteur de la croissance. L'Europe continentale, enlisée dans une croissance molle depuis le début de la décennie, bénéficie depuis l'an passé d'une croissance mondiale particulièrement dynamique. La Fédération allemande des chambres de commerce et d'industrie (DIHT) prévoit ainsi une hausse de 6 % à 7 % des ventes à l'étranger en 1997. Mais « l'essor des exportations », qui « profitent de la faiblesse du deutsche mark », essentiellement face au dollar, « ne se répercute pas sur la conjoncture intérieure », précise le directeur du DIHT, Franz Schoser. La problématique est la même en Allemagne ou en France. La hausse du billet vert et le commerce mondial florissant dopent les exportations des deux pays, mais la croissance reste bridée par une demande intérieure anémique. La réduction à marche forcée des déficits publics n'est pas étrangère à ce phénomène, les ménages allemands et français ayant été largement mis à contribution. Or, la TVA, assise sur la consommation des ménages, constitue la principale recette fiscale des Etats. La forte progression des exportations suffira-t-elle à enclencher une reprise durable de la croissance ? Pour cela, il faut que l'investissement des entreprises et de la consommation des particuliers prennent rapidement le relais des exportations. « La reprise en Europe et le caractère accommodant des conditions monétaires devraient permettre un redressement de l'activité en 1997, tirée par les exportations et l'investissement puis par la demande des ménages. » Ce pronostic établi par la Direction de la prévision de Bercy concerne l'économie allemande. Mais il s'applique mot pour mot à l'économie française. Regain d'optimisme pour 1998. Le chancelier Helmut Kohl estimait récemment que l'Allemagne a « de bonnes chances » d'atteindre une croissance de 3 % l'an prochain. En France, le ministre de l'Economie se montre également confiant. Tablant sur une « pente de croissance de la consommation de l'ordre de 2,5 % à 3 % à la fin de l'année », il estime que « le retour à la croissance s'amorce de façon plus solide encore qu'on pouvait le penser il y a quelques semaines ». Si elle se confirme, l'accélération de la croissance, surtout si elle provient d'une reprise de la consommation, facilitera grandement la tâche des deux principaux candidats au lancement de l'euro. Xavier Harel
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