Karadzic se retire de la course électorale

L'annonce, mercredi soir, que le leader des Serbes de Bosnie, Radovan Karadzic, renonçait à se présenter aux élections en Bosnie a levé le principal obstacle qui planait sur la tenue de ce scrutin, prévue le 14 septembre. Mais les Occidentaux sont loin d'être satisfaits pour autant. Il reste dans une position de pouvoir en gardant la présidence de son parti ultranationaliste, le Parti démocratique serbe (SDS), et refuse de se présenter devant le Tribunal pénal international (TPI). « C'est une bonne nouvelle car Radovan Karadzic a reconnu qu'il n'avait aucune possibilité de participer aux élections, a déclaré un responsable de l'Otan. Mais nous voulons beaucoup plus, son départ total de la vie politique et sa traduction en justice devant le TPI de La Haye. » Même son de cloche à Paris : « Ce retrait ne doit pas être de façade. » A la tête de son parti, il peut toujours tirer les ficelles en Bosnie : « On ne peut pas tolérer une poursuite de son influence par personne interposée. » Depuis que les Occidentaux et le président de Serbie, Slobodan Milosevic, avaient exigé son départ à la mi-mai, Karadzic a soufflé le chaud et le froid, tantôt en faisant annoncer par son entourage qu'il ne serait pas candidat, tantôt en menaçant qu'il le serait si la République serbe n'obtenait pas un degré d'autonomie égal à celui d'un Etat indépendant. La question de sa comparution devant le Tribunal international est aussi pressante. « Si Radovan Karadzic pense qu'avec sa décision de ne pas se présenter aux élections il va avoir "la vie sauve", il se trompe , a déclaré encore un responsable de l'Otan. Il faut qu'il aille au bout de son parcours qui se termine au Tribunal pénal international de La Haye. » La candidate désignée à sa place, Biljana Plavsic, vice-présidente de la République serbe, n'a pas la voie libre pour autant. L'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) se demande s'il ne faudrait pas bannir son parti, dirigé encore par un criminel de guerre, des élections. Le haut représentant pour la Bosnie, Carl Bildt, semble pencher pour une réponse favorable. « La position du bureau du haut représentant est que le SDS n'est pas une institution publique », a déclaré hier son porte-parole, Colum Murphy. Cette détermination est cruciale dans la mesure où l'accord de paix de Dayton prévoit que les personnes inculpées de crimes de guerre ne peuvent pas occuper des fonctions officielles et publiques. L'accord de Dayton stipule que la présidence en Bosnie sera composée de trois membres : un Bosniaque et un Croate élus au suffrage direct dans la fédération, un Serbe élu dans l'entité serbe. Hier étant le dernier délai de remise des candidatures, le président bosniaque, Alija Izetbegovic, a annoncé pour sa part qu'il serait le candidat de la partie bosniaque musulmane. Agé de soixante-dix ans, il se trouve à la tête de l'Etat bosniaque depuis novembre 1990. Il avait été hospitalisé en février en raison de problèmes cardiaques, ce qui avait laissé planer des doutes sur sa candidature. Enfin le président de la Fédération croato-musulmane, Kresimir Zubak, sera le troisième candidat. Il représente le HDZ de Bosnie, filiale du parti au pouvoir à Zagreb, en Croatie.
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