La livre bondit, les taux restent stables

Bien que le chancelier de l'Echiquier, Gordon Brown, ait déclaré qu'il partageait les soucis des industriels sur la vigueur de la livre et qu'il allait s'en préoccuper, la monnaie britannique a effectué hier un nouveau bond en avant. Après le discours budgétaire, elle a atteint de nouveaux records depuis mai 1992, bien avant les coups de boutoir de la spéculation qui allaient déboucher sur son éviction du mécanisme de changes du SME. Au plus haut dans les transactions de mercredi, elle s'est trouvée propulsée à 2,9380 deutsche marks et 9,9025 francs français. De toute évidence, les opérateurs ont jugé la hausse de la pression fiscale insuffisante pour éviter de nouveaux durcissements de la politique monétaire propres à calmer la surchauffe qui menace outre-Manche. La livre, qui est déjà la grande monnaie la plus attractive en termes de rendements puisqu'elle est assortie de taux à court terme de 6,50 %, ne pourra qu'y trouver son compte, les décalages conjoncturels entre le Royaume-Uni et l'Europe continentale ajoutant à sa vigueur intrinsèque. Dès la prochaine réunion de son conseil, le 10 juillet, la Banque d'Angleterre, profitant de sa toute récente indépendance opérationnelle, pourrait donner un nouveau tour de vis, le troisième depuis les élections du 1er mai, en relevant son taux d'intervention d'un quart, voire d'un demi-point. Un taux qui guide toute la hiérarchie du loyer de l'argent britannique. Dans cette perspective, la livre pourrait rapidement renouer avec son ancien cours pivots de 2,95 marks, jugé à l'époque largement surévalué. Sur le marché obligataire, l'optimisme qui prévalait avant le discours budgétaire a finalement laissé place à un certain attentisme. Les taux à dix ans s'étaient bien détendus à 6,98 %, leur plus bas niveau depuis sept semaines, mais se sont légèrement tendus peu après les nouvelles du budget. Si les opérateurs espéraient qu'un budget strict aboutirait à un ralentissement de l'économie éloignant la menace d'un relèvement des taux, les annonces faites ne les ont pas rassurés. Baisse du budget. Pourtant le chancelier de l'Echiquier a prévu des besoins de financement de l'Etat de seulement 13,25 milliards de livres pour l'année fiscale 1997-1998, en recul de 23 milliards par rapport à l'année 1996-1997. Le différentiel de taux à dix ans entre le Royaume-Uni et l'Allemagne s'établissait toutefois hier après-midi à 1,34 %, contre 1,53 % la semaine dernière, après la bonne performance du marché obligataire ces derniers jours. La Bourse de Londres a quant à elle salué le budget par une hausse de 0,49 % de l'indice Footsie, qui a terminé à 4.751,40 points. Malgré l'annonce d'une taxe ponctuelle sur les « bénéfices excessifs » de certaines entreprises privatisées, les opérateurs ont salué l'allégement surprise de l'impôt sur les bénéfices des sociétés de 33 % à 31 %, son plus faible niveau historique. L. J. B. et I. C.
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