L'empreinte indélébile des grands travaux parisiens

Grand amateur de littérature et de livres anciens, familier des libraires et bouquinistes du quartier Latin, François Mitterrand laisse une douzaine d'ouvrages qui l'inscrivent dans la lignée des hommes d'Etat écrivains. Mais c'est surtout pour sa défense et illustration du 1 % du budget de l'Etat accordé à la Culture - réalisant en cela le vieux rêve d'André Malraux - que l'ancien président restera dans la mémoire des gens de lettres. Conscient que, par définition, ce qui est de l'ordre de la culture et de l'architecture échappe au temps et à la fugacité des êtres, François Mitterrand, secondé par Jack Lang, s'est attaché à laisser une empreinte indélébile de son passage. Depuis, la revendication du 1 % a été reprise à toutes les alternances et par tous les candidats à sa succession, y compris par Jacques Chirac. Au risque de voir ensuite ce 1 % écorné par les lois de finances rectificatives, comme Pierre Bérégovoy qui, le premier, dut s'y résoudre début 1993. De même auront survécu à ces alternances les grandes fêtes populaires, initiées dès 1981, qui avaient pour objet de mettre la culture à la portée de tous, comme la Fête de la musique ou le Salon du livre, devenues plus tard, en des temps plus austères, synonymes des « années paillettes », associées à la mégalomanie dont on a parfois accusé le président. Les surnoms de « Tontonkhamon » ou de « Mitterramsès premier » décernés par « le Canard enchaîné », il les doit surtout à sa volonté de laisser sa trace, notamment à travers les grands travaux parisiens. Avec des chantiers colossaux, il a en effet modifié comme personne depuis le baron Haussmann le visage de la capitale. « A la réussite de son architecture se juge une civilisation », disait-il avant même son accession au pouvoir. Après de violentes polémiques, l'utilité sociale d'aucun de ces bâtiments n'a été finalement contestée par son successeur. Même les projets les plus décriés comme la Bibliothèque nationale de France, le dernier et le plus coûteux d'entre tous, ou l'Opéra-Bastille dont le chantier a bien failli être abandonné. Volubile comme tous les ministres de la Culture, Philippe Douste-Blazy reconnaissait hier qu'« homme de culture, François Mitterrand l'était par la trace qu'il laisse, au coeur même de la capitale, de ces empreints monumentales qu'il avait imaginées, voulues, construites ». Beaucoup plus laconique qu'à son habitude, Marguerite Duras, liée à l'ancien président depuis la Libération, s'est contentée, elle, d'un « J'embrasse François Mitterrand encore et toujours ». NOËL TINAZZI
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