Les soldes ranimeront-ils l'« envie d'avoir envie » ?

Il y avait longtemps que les boutiques parisiennes n'avaient pas été à telle fête. Samedi les trottoirs étaient noirs de monde, même dans les quartiers chics de Paris. Rue du Faubourg-Saint-Honoré, les boutiques Hermes, Yves Saint Laurent n'ont pas désempli de l'après-midi. Idem dans les grands magasins du boulevard Haussmann. « C'est le premier week-end depuis le début des soldes (ndlr : 26 décembre) où les consommateurs achètent pour eux. Auparavant, ils étaient encore dans l'acte d'achat du cadeau à offrir », indique Julia, vendeuse au Printemps. Des cadeaux, néanmoins, juste pour marquer le coup, plus symboliques qu'autre chose. « Les gens ont offert leurs cadeaux en deux temps. Ils ont acheté un présent peu cher afin que les enfants ne soient pas trop déçus le soir de Noël. Puis, dès que les soldes ont débuté, ils sont venus acheter les articles plus conséquents », a-t-on constaté aux Galeries Lafayette. De fait, la consommation réalisée sur la période des fêtes de fin d'année a permis que l'indice « hypermarchés » de la FCD (Fédération des entreprises du commerce de la distribution) de décembre 1995 soit très légèrement positif par rapport à décembre 1994 puisqu'il s'établit à + 0,02 % à magasins comparables. A noter toutefois que le mois de décembre 1994 comprenait 27 jours ouvrables non compris les dimanches contre 25 jours ouvrables non compris les dimanches pour l'année 1995. Ces résultats témoignent cependant du fléchissement de la consommation constaté au début du mois de décembre et font de cette hausse la plus faible enregistrée sur la dernière décennie (les hausses les plus faibles ayant été de + 0,3 % en 1991 et + 1,39 % en 1993). Au total, la FCD affirme que 1995 s'avère quand même une année de progression de la consommation par rapport à 1994 (indice cumulé de l'année 1995 : + 2,15 % contre + 1,4 % en 1994) grâce notamment aux bons résultats du premier semestre. Si les soldes ont semble-t-il véritablement démarré ce week-end, le consommateur était toujours à l'affût de la bonne affaire. Chez Habitat, on se ruait sur les bougies soldées à 10 francs (vendues quelques jours auparavant... 45 francs !). Reste que l'évolution de la consommation est pour l'instant fragile. Les résultats de janvier 1996 devraient permettre de constater si les consommateurs se sont montrés sensibles aux différentes actions saisonnières (le mois du blanc, les soldes...). Pour Maurice de Talansier, directeur de l'Observateur Cétélem, les gens manifestent un désir de sortir de la morosité et ils semblent « avoir envie d'avoir envie ». Toutefois il reconnaît que les demandes de prêts émanant de gens qui ont mis de l'argent de côté mais qui ne veulent pas y toucher n'ont jamais été aussi important. Alors la consommation peut-elle s'ordonner comme le préconise régulièrement le gouvernement ? « On n'a jamais habitué les Français à être responsables. On les a toujours assistés et maintenant on leur demande d'être responsables d'une économie en déroute. Or il n'ont pas envie de payer pour les autres », indique Danielle Rapoport, sociologue de la consommation. N. H. et N. T.
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