Les restructurations n'ont que trop tardé

A point nommé ! Alors que le conseil d'administration du Crédit Local de France devait entériner le même jour le rapprochement avec le Crédit Communal de Belgique et que le rachat d'Indosuez par le Crédit Agricole est sur le point d'être officiellement annoncé, la Commission bancaire a clairement voulu se replacer hier dans la dynamique de la restructuration du secteur. « Ce mouvement de restructuration de l'industrie bancaire et financière est opportun et la Commission bancaire l'encourage dès lors que ces opérations, mûrement préparées, permettent effectivement de renforcer les structures bancaires et financières, de mieux armer les groupes bancaires et financiers pour relever le défi de la modernisation et de l'internationalisation et pour renforcer leur productivité et leur profitabilité », ne s'est ainsi pas privé d'expliquer Jean-Claude Trichet pour qui cette réorganisation constitue le troisième grand défi à relever. Sans doute, certains ne manqueront pas de relever que l'engagement du gouverneur de la Banque de France dans le débat n'intervient qu'après les interventions répétées des banquiers eux-mêmes, pressés de se réorganiser par les agences de rating et les analystes du secteur, mais aussi les parlementaires, voire le directeur du Trésor qui, il y a quelques jours, a décliné le thème. Sans chercher à être l'instigatrice du mouvement, la Commission bancaire - et c'est encore une première dans son discours - n'en veut pas moins l'accompagner. Les banquiers doivent adopter une logique industrielle Le nouvel engagement de son président a de bonnes chances de peser lourd et d'ouvrir la voie à d'autres opérations d'envergure. « D'autres rapprochements sont sans doute nécessaires » indique Jean-Claude Trichet. « Les établissements de crédit doivent à Paris comme sur les autres places financières internationales s'interroger sur l'opportunité de politiques de concentration et de spécialisation. Nous les y aiderons, le cas échéant, dans la limite de nos moyens et de nos responsabilités. » Une déclaration qui est tout sauf neutre, à l'heure où les dossiers CIC et Crédit Lyonnais sont sur la table des négociations et où le rapprochement Crédit Agricole-Indosuez va condamner tout le monde à bouger. Surtout, la Commission bancaire relève que le mouvement de concentration, largement entamé à l'étranger, n'a finalement concerné, en France, que le secteur mutualiste et les caisses d'épargne. Le splendide isolement dans lequel se sont tenues les grandes banques commerciales AFB, expliqué par toutes les rigidités dénoncées par ailleurs, est désormais intenable. Il n'est que trop temps, affirme encore la Commission bancaire, que les banquiers adoptent une logique industrielle. De quoi laisser comprendre entre les lignes que peu de banques françaises seront capables de se maintenir sur le créneau de la banque universelle. Il va falloir passer en revue des activités par chaque établissement pour ne conserver les plus rentables et celles sur lesquelles il dispose d'un réel avantage comparatif. Quitte à se couper des bras ou à sous-traiter certains métiers. L'heure de la révolution a bien sonné. Ph. R.
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