Diffuseurs : le gouvernement souhaite une alliance public-privé

François Fillon et son homologue de la Culture, Philippe Douste-Blazy, organiseront une table ronde avec l'ensemble des chaînes dans les prochaines semaines. L'objectif : bâtir une stratégie pouvant assurer le décollage de la télévision numérique en France. Aux yeux des pouvoirs publics, cette alliance entre le public et le privé semble incontournable. Et, selon François Fillon, les accords passés entre France Télévision et TF1 sont « prometteurs ». Toutefois, dans son rapport, Georges Vanderchmitt souligne les limites stratégiques des chaînes publiques françaises « qui doivent prendre l'exacte mesure de leur place sur le marché ». Selon lui, il serait illusoire d'envisager un rôle d'opérateur de bouquet de programmes pour France Télévision et voir le secteur public « jouer un rôle de promotion des innovations techniques et particulièrement du numérique ». Cela supposerait des investissements que le groupe public pourrait difficilement supporter, même en partageant les risques avec TF1. La stratégie d'alliance serait toutefois pertinente, à condition cependant que les partenaires privés apportent « une vraie va- leur ajoutée ». Dès lors, l'association entre TF1, Fran-ce Télévision et France Télécom, qui les a rejoint, peut-elle aboutir à la création d'un bouquet ? Le rapporteur paraît en douter. Selon lui, le meilleur choix consisterait à rechercher l'intégration à un bouquet déjà existant. En clair, France Télévision et les autres chaînes publiques devraient se cantonner à un rôle d'éditeur de programmes. Ces conclusions renvoient à la position dominante de Canal Plus qui maîtrise le système de contrôle d'accès et qui est le seul, en France, parmi les diffuseurs, à savoir gérer un parc d'abonnés. Canal Plus ne présenterait pas que des atouts. Selon Georges Vanderchmitt sa position dominante pourrait présenter des dangers. En ligne de mire, son monopole sur la technologie du contrôle d'accès, exploitée au sein de la société Seca et choisie par Deutsche Telekom pour le marché allemand. Aujourd'hui, la chaîne cryptée n'offrirait pas les garanties suffisantes permettant d'ouvrir le marché aux autres compétiteurs. « La constitution d'un parc de décodeurs propriétaires constitue l'un des ris-ques principaux de fermeture du marché de la télévision à péage », souli-gne le rapport. Il ajoute : « La prime au premier entrant ne doit pas conduire à des pratiques discriminatoires au détrirment des éditeurs de programmes. L'idéal serait donc de disposer d'un système ouvert et universel ». Autant de points réfutés depuis le début par Canal Plus. L'impulsion donnée par François Fillon et Philippe Douste-Blazy, conjuguée aux conclusions du rapport Vanderchmitt, seront-elles suffisantes pour inciter les opérateurs à une meilleure collaboration, au nom de l'intérêt général ? Il serait illusoire de penser que le sens civique souhaité par les pouvoirs publics prenne le pas sur les négociations commerciales. T. D. J.
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