Journée décisive pour l'avenir d'Eurotunnel

L'assemblée générale mixte d'Eurotunnel, convoquée cet après-midi, promet d'être houleuse. Elle n'est surtout pas exempte de risques pour la survie de l'entreprise, et par conséquent pour le retour sur investissement de ses actionnaires - des particuliers pour 70 % d'entre eux. En effet, les 721.000 actionnaires privés et institutionnels sont invités à se prononcer sur la restructuration de la dette junior de l'entreprise (d'un montant de 70 milliards de francs). Ce plan doit être adopté à la majorité des deux tiers des actionnaires d'Eurotunnel SA, et des trois quarts de ceux d'Eurotunnel Plc. Dans le cas contraire, le concessionnaire du tunnel sous la Manche risque le dépôt de bilan. Encore faut-il que cette assemblée se tienne. Pour délibérer sur la partie extraordinaire de l'ordre du jour d'Eurotunnel SA, un minimum de 25 % du capital doit être représenté. Et c'est bien faute d'avoir pu atteindre le seuil de 230 millions d'actions sur les 920 millions de titres Eurotunnel en circulation que l'assemblée générale (AG) mixte du 24 juin dernier n'a pu se tenir. Mobilisation. Le quorum, qui atteignait environ 19 % la semaine dernière, aurait de sérieuses chances d'être réuni. Pour mobiliser les porteurs de titres, les équipes d'Eurotunnel n'ont pas lésiné. Tous les détenteurs de plus de 1.000 titres ont ainsi reçu une lettre de leur dépositaire leur rappelant la date et l'enjeu de cette assemblée décisive. Eurotunnel a en outre mis en place le 5 juin un numéro de téléphone Azur à leur intention. Outre la dispersion du capital, un autre élément est susceptible de gêner la réunion du quorum. Certains actionnaires, et non des moindres, dont Bombardier, pour une partie au moins des quelque 30 millions d'actions en sa possession, se seraient en effet livrés à des prêts de titres, se privant de leur droit de vote. Si le quorum n'est pas atteint, il sera procédé au vote des résolutions ordinaires d'Eurotunnel SA et d'Eurotunnel Plc ainsi qu'au vote des seules résolutions extraordinaires d'Eurotunnel Plc (puisque pour la société de droit anglais, le minimum requis n'est que de deux actionnaires présents). Une assemblée générale extraordinaire d'Eurotunnel SA devrait alors être convoquée ultérieurement (voir ci-contre). Si, en revanche, le quorum est réuni, un vote favorable au plan semble acquis. L'accord de principe très attendu de Paris et Londres, le 24 juin, sur une extension de la concession du tunnel (à la condition exprès de l'adoption du plan et moyennant une augmentation du trafic fret et un reversement d'une partie des bénéfices à partir de 2052) n'y est pas étranger. D'autant plus que les gouvernements français et britannique ne s'opposeront pas à la prise de contrôle d'Eurotunnel par les banques (droit de substitution) en cas de rejet du plan. Alors qu'il y a encore trois semaines nombre d'actionnaires revendiquaient une minorité de blocage pour faire capoter le plan, seule l'Adacte (l'une des deux associations de petits porteurs) maintient son opposition. En effet, l'AAE, présidée par Christian Cambier et les investisseurs institutionnels représentés par Sophie l'Hélias, ont décidé en milieu de semaine dernière de se rallier au plan. Le cours du titre réagit. La volte-face du fonds Northern Cross, qui représente près de 4 % du capital, a aussi pesé lourd dans la balance. Depuis l'annonce de l'extension, le cours de l'action a grimpé en Bourse mais a terminé hier en repli de 5,3 %, à 8,05 francs, dans un marché de 5,2 millions de pièces. Le titre pourrait être suspendu aujourd'hui. Dominique Mariette et Pascale Mollo
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