Le climat syndical reste explosif

Dans une entreprise, les problèmes ne se règlent pas en termes de démocratie », a lancé hier Christian Blanc (initiateur pourtant d'un référendum à Air France, une grande première) pour commenter ses différends avec les salariés d'Air France Europe. Les syndicats de la compagnie ont répliqué : « Il a encore fait l'unanimité contre lui. » Certes les avions de l'ex-Air Inter volent aujourd'hui. Mais l'attitude de Christian Blanc a resserré - au moins en apparence et pour un temps - la solidarité syndicale. Le dernier communiqué de l'intersyndicale de l'ex-Air Inter, dénonçant le « diktat de la direction » et exigeant le « retrait immédiat du plan », est signé par l'ensemble des syndicats, à l'exception de la CGC, de FO et du syndicat d'hôtesses et stewards SNPNC. Le syndicat de pilotes SNPL, pourtant modéré mais qui a essuyé hier le feu nourri des critiques de Christian Blanc, a cosigné le texte. Les plus opposés à la fusion, comme le SNPIT (personnel au sol) et la CGT, laissaient entendre hier soir que le mouvement pourrait rebondir et n'excluaient pas une grève dure. De leur côté, les 300 techniciens de maintenance de la division Air France matériel, à majorité CGT, ont rejeté radicalement la fusion des deux compagnies. Ce groupe avait été à l'origine d'une crise aiguë en 1993, quand il avait bloqué l'accès des pistes. Cela ne facilite pas la tâche pour les syndicats qui poursuivent une solution de compromis : le SNPNC et, malgré ses états d'âme, le SNPL. L'un et l'autre auraient préféré sauvegarder l'identité de leur compagnie mais ne veulent pas se crisper dans un refus de la fusion. Le SNPL est pour l'instant le seul interlocuteur de la direction pour les pilotes. Hier déjà, il en était le seul représentant au comité d'entreprise, l'USPNT et le SNPIT ayant décidé de laisser leur chaise vide. Et à terme, la place du SNPL dans les négociations va considérablement s'accroître dans le cadre de la fusion. Minoritaire dans l'ex-Air Inter mais largement majoritaire chez Air France, le SNPL va encore augmenter son audience, tandis que l'USPNT et le SNPIT souffriront au contraire d'une dilution qui devrait les marginaliser dans le nouvel ensemble. Tout reste encore à faire sur l'harmonisation des conditions de travail et de rémunération entre les pilotes d'Air France et ceux d'Air France Europe. Pour les pilotes de l'ex-Air Inter, qui doivent s'aligner sur leurs collègues d'Air France, il faudra faire accepter les 30 % de gains de productivité demandées (15 % de réduction de salaires et 15 % d'heures de vol supplémentaires). Pour ceux d'Air France, il faudra prendre en compte l'arrivée des 800 pilotes d'Air France Europe dans les programmes d'avancement. Mais il n'y a pas que le problème des pilotes. Il est difficile d'imaginer que la nouvelle entité ne sera pas amenée à réduire également ses effectifs, que ce soit au sein du personnel administratif ou dans le gros de ses troupes : le personnel au sol. Les syndicats s'en inquiètent déjà. E. Rt.
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