Mortelle léthargie

Dans l'industrie de défense, il en est des fusions comme des trains qui passent : il y a les entreprises qui en sont, et celles qui les regardent passer. Aux Etats-Unis, on trouve les locomotives qui, après quelques rapides manoeuvres d'approche, se regroupent pour former des géants mondiaux. Aux ntipodes, il y a la France, comme figée. Par exemple, on savait déjà voilà dix ans que l'Hexagone, avec ses deux missiliers Matra et Aerospatiale, en comptait un de trop. Mais plutôt que de rassembler leurs forces, on a favorisé l'avènement d'un troisième, Thomson-CSF. Tous les ministres de la Défense, depuis dix ans, ont souligné l'urgence de restructurer. Et même Jacques Chirac, de l'Elysée cette fois, il y a dix-huit mois. Rien n'y fait. On s'accorde à répéter que, face à la puissance américaine, la réponse doit être européenne. Le discours ne débouche pas. Les partenaires sont las d'attendre. Le britannique GEC est prêt à traiter directement avec l'allemand Siemens. Dasa et British Aerospace travaillent de plus en plus ensemble... en attendant peut-être s'allier outre-Atlantique. Parce que Dassault ne peut supporter Aerospatiale qui ne saurait se rapprocher de Matra qui ne veut partager Thomson-CSF toujours pas privatisé, la France de la défense - qui aurait pu être moteur en Europe - est au point mort, regardant sans réagir ses alliés et concurrents devenir ses prédateurs de demain. La léthargie face aux restructurations et la répulsion du pouvoir à les engager seront bientôt les causes d'une lente agonie, dont le Giat est l'un des premiers symptômes.
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