La Société Marseillaise de Crédit, un dossier épineux

S'il n'est pas le dossier le plus lourd à traiter par le gouvernement, celui de la Société Marseillaise de Crédit (SMC) est probablement l'un des plus épineux. Et aussi l'un des plus urgents si, comme l'affirme Lionel Jospin, le gouvernement « n'a pas vocation à sans cesse renflouer les institutions financières en difficulté ». Petit établissement de la région marseillaise, la SMC est l'une des banques qui a, en proportion, coûté le plus cher à l'Etat-actionnaire : à ce jour 2,9 milliards de francs lui ont été versés au cours des quatre dernières années. En 1996, la SMC affichait toujours une perte, de 17 millions de francs. Et si son PDG, Pierre Habib-Deloncle, a affirmé son intention de « ne pas tendre la sébille à l'Etat » cette année, le retour à meilleure fortune de la banque n'est pas acquis. Sa direction est engagée dans une délicate négociation en vue de réduire ses coûts de fonctionnement - plusieurs centaines d'emplois sont en jeu, sur un effectif de 2.100 personnes -, sans laquelle l'équilibre d'exploitation est compromis. Selon plusieurs sources, sa situation financière se serait à nouveau dégradée et nécessiterait une nouvelle injection de fonds publics, de l'ordre de 300 à 400 millions de francs, ce que l'on conteste vivement à la SMC. Nul doute qu'une telle hypothèse ne manquerait pas de faire réagir la Commission européenne, qui a déjà vivement rappelé le gouvernement français à l'ordre, s'interrogeant notamment sur le point de savoir si la banque est tout simplement viable. En possession, depuis deux mois, d'un plan de redressement qui prévoit un allégement des effectifs et une privatisation, Bruxelles doit à présent donner sa position. Dans ce contexte, la privatisation paraît inéluctable, sauf à prendre le risque de voir la commission imposer à la SMC de rembourser les aides dont elle a bénéficié. Mais sa vente ne va pas de soi. Alors que tous les établissements français et européens ont jusqu'ici repoussé le dossier, la piste un temps évoquée du coréen Daewoo est désormais écartée. Seule semble rester en lice la Caisse d'Epargne de Marseille, mais elle se heurte à l'opposition de son groupe. G. de C.
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