Satellite TV : France Télécom jugé hors jeu

Par latribune.fr  |   |  756  mots
cite>France Télécom a été un armateur. L'opérateur public pourrait très bien devenir un affréteur ». L'image de Georges Vanderchmitt, auteur du rapport sur la stratégie satellitaire audiovisuelle de la France et tout nouveau président du holding public Sofirad, est osée. Mais elle donne la mesure de ses recommandations, fruit d'un travail demandé l'automne dernier par François Fillon, ministre délégué à La Poste, aux Télécommunications et à l'Espace. Le rapport, qui englobe la problématique des diffuseurs de programmes et des opérateurs de satellite, met en effet au centre du débat la place que devrait tenir, dans l'avenir, France Télécom. Après moult consultations, Georges Vanderchmitt a pu se forger une conviction « en toute liberté et indépendance », a-t-il tenu à souligner hier lors de la présentation de ses travaux : « La filière Télécom n'est pas en situation de faire une réelle concurrence à l'offre satellitaire d'Astra et d'Eutelsat ». Selon lui, l'opérateur public « présente le paradoxe d'être aujourd'hui marginalisé et isolé sur un marché où il joue un rôle direct comme opérateur de satellite et maître d'oeuvre d'un système d'accès conditionnel ». Et le rapporteur de condamner la stratégie menée par les prédécesseurs de Michel Bon, président de France Télécom: « Les satellites Télécom, qui répondent avant tout aux besoins destélécommunications civiles et militaires, et dont la télévision n'a jamais été le marché premier, constituent une offre inadaptée au marché de la réception directe. Les principaux clients s'en sont détournés pour diffuser leurs programmes numériques ». C'est le cas de Canal Plus, premier groupe européen de chaînes cryptées, qui a privilégié la filière Astra de la Société Européenne des Satellites. Mais aussi de TF1 et du groupe public France Télévision qui ont rejoint le consortium européen Eutelsat. Même si France Télécom affirme aujourd'hui que ses engins (Télécom 2A, 2B et 2C, qui vient d'être mis en orbite) affichent complet, on ne voit pas comment ils pourraient concurrencer Astra et Euteslat sur le marché français, même si les programmes offerts qu'ils relaient sont francophones (les chaînes publiques et le bouquet CanalSatellite). Les principaux acteurs européens ne s'y sont pas trompés. Que soient BskyB, Nethold ou les américains comme Viacom qui ont optés eux aussi, dans la perspective du lancement de leurs bouquets de programmes numérique, pour Astra ou Eutelsat. Face à ce constat, la stratégie la plus « raisonnable » pour France Télécom serait, selon le rapporteur, d'évoluer « d'un rôle d'opérateur direct de satellite vers un rôle de prestataire de service satellitaire ». En clair, « développer ses capacités d'affréteur de capacités », tout en établissant « des relations plus étroites » avec Eutelsat, dont il détient déjà près de 15 % du capital, mais aussi avec Astra. En envisageant, pourquoi pas, une entrée au capital de l'opérateur privé, comme l'a intelligemment fait l'allemand Deutsche Telekom qui a su ménager deux portes d'accès (Astra et Eutelsat) au marché de la réception directe par satellite. L'abandon de la filière satellitaire ne supposerait pas pour autant un retrait des métiers liés à l'image. Ainsi, France Télécom pourrait développer ses autres activités (services audiovisuels et multimédias, réseaux câblés, prestations techniques, dont l'acheminement des images vers les satellites). Pour une plus grande efficacité, Georges Vanderchmitt suggère un regroupement des métiers de l'audiovisuel dans une seule entité. Réflexion d'ailleurs en cours chez l'opérateur public. Pour l'heure, François Fillon affirme partager un grand nombre des conclusions de Georges Vanderchmitt. Suivre les recommandations du rapporteur, supposerait toutefois d'abandonner la construction d'une troisième génération de satellite que ne justifierait pas l'état du marché. Michel Bon devra répondre à ces choix stratégiques. Et ceci très vite. D'autant plus que le problème se posera pour Télécom 2D, qui doit être lancé en fin d'année. Le choix des militaires étant aussi prédominant. Le ministre reconnaît d'ores et déjà le « besoin, à l'évidence, d'une redéfinition par France Télécom de son rôle en matière de télévision par satellite ». Thierry Del Jésus