Objectif : un leadership européen de défense

En annonçant hier vouloir renforcer sa filiale d'électronique de défense Marconi, George Simpson, le PDG de GEC, a réaffirmé les ambitions de son groupe, déjà incontournable dans ce secteur. Il y est le seul véritable concurrent européen de Thomson-CSF et compte un trésor de guerre estimé à 20 milliards de francs. Rivaux, GEC et Thomson sont malgré tout mariés dans les sonars. Ils se sont également répartis les actifs de Ferranti après la faillite du numéro deux anglais de l'électronique. Et, avec le troisième larron européen, l'allemand Dasa (Daimler-Benz Aerospace), ils se sont associés pour étudier ensemble les futurs radars pour avions de combat (GTDAR, GEC Thomson Dasa Radar). L'ex-PDG de Thomson, Alain Gomez, a même voulu marier complètement sa firme à GEC. Ce ne fut pas du goût du gouvernement Juppé (l'Etat, via Thomson SA est le premier actionnaire de CSF), qui l'a congédié en février 1996, avant d'annoncer la future privatisation de Thomson. GEC s'est aussitôt porté candidat. Le gouvernement Juppé l'en a alors empêché. Mais, pour ne pas se brouiller avec Londres, il a incité les deux candidats français à la reprise de CSF (Alcatel, allié à Dassault, et Matra) à prendre langue avec GEC. Aujourd'hui, malgré leurs propos de campagne, les socialistes revenus au pouvoir devraient finalement relancer cette privatisation. Mais l'électronicien d'outre-Manche ne met pas tous ses oeufs dans le panier Thomson. Depuis quelques mois, il discute avec le groupe public italien d'aéronautique et d'armement Finmeccanica Alenia. Hier, contrairement à la rumeur, George Simpson a fait savoir qu'il n'envisageaitpas de racheter l'électronicien de défense italien Alenia Difensa. Mais les négociations pour des alliances se poursuivent. Le britannique pourrait aussi se renforcer en Allemagne, s'il reprend l'électronique de défense de Siemens (voir encadré). GEC devra également préciser comment, tout en voulant tourner le dos aux joint-ventures, il compte gérer ses 49 % dans Matra Marconi Space que Matra (51 %) a marié aux Allemands dans Matra Marconi Dasa Dornier, société où la part de GEC n'est plus que de 24,5 %. Au rythme de ses projets, GEC pourrait donc disputer à Thomson le rang de leader européen. De quoi inciter une fois encore Paris à prendre enfin des décisions en matière d'armement et d'aéronautique. Sans quoi Londres pourrait décider de créer une forteresse, en autorisant un rapprochement entre ses deux géants de l'aéronautique et de l'armement, British Aerospace et GEC. A moins que ce dernier ne concrétise son envie désormais affichée de se développer outre-Atlantique, pourquoi pas en se mariant à un géant comme Lockheed ou Hughes. Noël Clavelloux, patron des équipements aéronautiques de CSF, l'affirmait à La Tribune, lors du Salon du Bourget, le 17 juin : « Sans alliance avec Thomson, GEC n'hésitera pas à s'allier à un Américain. » Olivier Provost
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