La fragile constellation syndicale d'Air Inter Europe

Quelque vingt-cinq personnes se sont retrouvées hier soir dans le bureau de Bernard Pons, ministre des Transports. Pas un délégué ne manquait. Toute la constellation syndicale de l'ex-Air Inter s'est déplacée comme un seul homme pour tenter de se faire entendre. En apparence, c'est l'union sacrée pour la défense de la compagnie. Pourtant, la façade unitaire de l'intersyndicale est menacée. Elle a su préserver son intégrité dans la période d'attentisme qui a précédé l'annonce des suppressions de lignes - entre le 15 mai et le 27 juin - mais elle est maintenant violemment secouée par l'accélération des événements amorcée mercredi dernier. En dépit des affirmations réitérées de solidarité, surtout chez les pilotes, les ressentiments entre certaines centrales commencent à resurgir. Chez les pilotes, Jean Sornat, de la section SNPL d'Air Inter Europe (Syndicat national des pilotes de ligne), ne mâchait pas ses mots hier pour dire son agacement d'avoir été placé devant le fait accompli d'une grève à laquelle il ne souscrivait pas. « Cette grève de vendredi n'était certainement pas la réponse appropriée à l'annonce des suppressions de lignes. » Il dénonce la virulence maladroite de l'initiative de l'USPNT (Union syndicale des personnels navigants techniques) dans le bras de fer qui oppose les pilotes à la direction d'Air Inter Europe. Pour bien souligner sa liberté d'action en face de cette centrale rivale, Jean Sornat déclarait que le SNPL était prêt à retourner s'il le fallait tout seul à la table des négociations, au risque de provoquer un éclatement au sein des pilotes. La tentation du chacun pour soi semble l'emporter De leur côté, les hôtesses du SNPNC (Syndicat de personnels navigants commerciaux) ont diffusé hier un communiqué prenant assez clairement parti pour la fusion, sans aucune référence aux positions de l'intersyndicale. Là aussi, le « chacun pour soi » semble prendre le pas sur les principes unitaires. Parmi les personnels au sol, la CGT et le SNPIT (Syndicat national des personnels d'Air Inter), qui représentent à eux deux 65 % de cette catégorie de salariés et ont appelé vendredi à la grève, ne semblent pas soutenus d'un choeur uni, notamment auprès des hôtesses d'accueil. Il est vrai que le tableau social de l'ex-Air Inter est propice à cette cacophonie avec pas moins de seize syndicats. Une multiplication qui reflète une succession de fractionnements historiques. Du côté des pilotes en particulier, l'hostilité croisée des deux principaux syndicats a largement contribué à exacerber la question de rémunération et de conditions de travail qui a finalement torpillé le projet de rapprochement avec le CDR (centre de résultats) Europe d'Air France. Cette division est un héritage de conflits lointains, comme le refus très controversé de voler à deux sur les Airbus A320. Chez Air France, où les pilotes n'ont pas vécu le même schisme, la révision des conditions de travail n'a pas soulevé une telle tempête. EMMANUEL RENOULT
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