La France renoue le dialogue avec l'Arabie Saoudite

Paris recadre ses relations avec l'Arabie Saoudite. La visite éclair de Jacques Chirac à Djedda s'inscrit dans ce contexte. Cette fois aucun contrat commercial en perspective. La rencontre entre le président français et le monarque saoudien Fahd, le prince héritier Abdallah et l'homme fort du régime, le prince Sultan, se veut garante d'« une reconstruction du lien de confiance entre les deux pays ». Si le voyage du chef de l'Etat français, du fait du hasard du calendrier, intervient deux semaines après l'attentat de Darham qui a coûté la vie à quarante-trois Américains, il a lieu au moment où les inquiétudes gagnent Paris et Riyad quant à la poursuite du processus de paix au Moyent-Orient. Dans un pays où les actes symboliques signifient autant sinon plus que les discours, les signes saoudiens en direction de la France se multiplient. Ainsi, la présence du roi Fahd, amaigri, les traits tirés, qui est pourtant venu en personne accueillir Jacques Chirac à son arrivée à l'aéroport de Djedda. Autre signe qui n'a trompé aucun observateur : alors que le monarque saoudien ne devait faire qu'une brève apparition lors du dîner de gala du samedi soir, le roi Fahd sera demeuré jusqu'à la fin au côté de son invité français. Enfin, la durée exceptionnelle de l'entretien entre les deux hommes, auquel s'étaient joints le prince héritier et le prince Sultan, témoigne des nouvelles relations entre les deux pays. Ainsi que le reconnaît un membre de la délégation française, « la visite de Jacques Chirac se déroule à un moment particulièrement favorable ». En effet, les Saoudiens sont visiblement excédés par l'attitude américaine de soutien inconditionnel à Israël. Ainsi, l'arrivée au pouvoir de Benjamin Netanyahu à Jérusalem, - ainsi que la mise entre parenthèses apparente du processus de paix dans la région sans que Washington, pourtant garant des accords entre Palestiniens et Israéliens, tape du poing sur la table -, inquiètent Riyad. Des sources proches du pouvoir saoudien reconnaissent que « l'attitude et la politique arabe de Paris sont constructives ». De plus les Saoudiens apprécient que la France ne soit pas venue, ici, « à la pêche » aux contrats. Un éditorial du quotidien Al Sharq Al Awast, très proche de la famille royale, rappelait que la délégation française n'était pas composée « d'hommes d'affaires soucieux uniquement de signer des contrats et d'obtenir des marchés ». En se plaçant délibérément sur le terrain politique, Jacques Chirac tente une rupture d'autant plus nécessaire que le désastreux souvenir du voyage d'Edouard Balladur en décembre 1995, reste, à Riyad, dans les mémoires. En jouant sur l'idée de partenariat, dont le contenu demeure flou, le président français, selon un de ses proches, joue sur la durée : « La politique des coups, c'est fini. » Et d'ajouter que l'approche suivie par Jacques Chirac va s'avérer à la longue « porteuse pour les industriels français ». Un sentiment confirmé par le député Olivier Dassaut, fils de Serge Dassaut, qui estime que « la poussée sensible de l'anti-américanisme doit être mise à profit pour rétablir une confiance qui s'était émoussée » avec la France. Guy-André Kieffer, envoyé spécial en Arabie Saoudite
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