Espagne : pas de baisse d'impôts avant la réduction du déficit

José Maria Aznar est plus prévoyant que Jacques Chirac, qui a attendu plusieurs mois avant d'annoncer le revirement par lequel il accordait la priorité à la réduction du déficit par rapport à la baisse de la pression fiscale. Le leader de la droite espagnole, grand favori des élections du 3 mars, vient de procéder à la même volte-face. A l'issue d'un voyage à Londres où il a rencontré les milieux de la City, il a affirmé mercredi soir que la baisse des impôts qu'il n'a cessé de promettre aurait bien lieu... mais une fois jugulé le déficit et pas avant. Il s'agit là d'un virage à 180 degrés, que les socialistes n'ont pas manqué de dénoncer en affirmant qu'il ne disait pas la vérité aux électeurs et en évoquant le spectre d'une explosion sociale « à la française ». Aznar, il est vrai, avait fait de la réduction de la pression fiscale et des prélèvements un de ses chevaux de bataille. Il s'était notamment engagé à une diminution progressive du taux marginal maximum de l'impôt sur le revenu de 16 points (de 56 à 40 %) et à une diminution de plusieurs points de cotisations sociales... tout en s'abstenant prudemment de fixer un calendrier. Aznar avait trouvé là un thème électoralement sensible. La pression fiscale (il est vrai très faible au départ) a augmenté de 8 points depuis l'arrivée des socialistes au gouvernement, passant de 28,1 % du PIB en 1982 à 36,2 % en 1994. Cette progression est d'autant plus sensible que la charge est répartie entre peu de contribuables, du fait du taux de chômage élevé et d'un taux d'activité d'à peine 48 % de la population en âge de travailler. Mais Aznar, pressé par les milieux financiers, a finalement jugé préférable de renoncer à un tel hameçon électoral et de reconnaître que le problème du déficit constituerait sa priorité. Celui-ci a été, selon les dernières estimations, de 5,8 % du PIB en 1995, et le prochain gouvernement, quel qu'il soit, aura fort à faire pour le ramener au niveau exigé par la convergence. Thierry Maliniak, à Madrid
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