T'as pas cent balles ?

Faisons un rêve : ce soir, à la télévision, un journaliste pugnace demande à Lionel Jospin si la France sera dans les clous de Maastricht en décembre. Et, surprise, le Premier ministre répond « oui» ou « non », sans le renvoyer aux résultats de l'audit commandé pour le 21 juillet ! Voilà qui nous éviterait rumeurs et informations contradictoires sur les déficits français, inscrits paraît-il entre 3,6 et 3,8 % de notre produit intérieur brut. Le Monde rappelle que, selon l'OCDE, « sur les quinze pays membres de l'Union, seules la France, l'Allemagne, la Grèce et l'Italie ne respecteront pas le critère de déficit public. Et pourtant, c'est à la demande du président François Mitterrand que ce seuil des 3 % a été fixé ! » C'est dire si Espagnols, Portugais, Belges et d'autres peuvent, à juste titre, reprocher à la France de les avoir inutilement obligés à se serrer la ceinture ! Pire : « Si Paris s'affranchit de la contrainte des 3 %, ils auront beau jeu d'accuser Lionel Jospin de donner une nouvelle preuve de l'inconstance et de l'arrogance française ! » Valéry Giscard d'Estaing, dans l'Express, est paradoxalement moins sévère que le Monde, attaché à démontrer « les risques que la France fait courir à l'euro ». Pour VGE, en effet, Lionel Jospin est dans une situation comparable à celle de Jacques Chirac en 1995. Entendez qu'il est pris entre le souhait de tenir - et donc de financer - les promesses de sa campagne et la nécessité de réduire le déficit budgétaire. Or, remarque Giscard, « Jospin ne dispose plus que de 547 jours avant l'échéance du 1er janvier 1999. Et comme la France ne peut se permettre ni de faire capoter l'union monétaire ni d'y entrer dans une situation de faiblesse qu'elle demanderait à ses partenaires de tolérer »... alors ? Alors, dit Giscard, « je souhaite que Lionel Jospin ait la sagesse d'étaler dans le temps ses promesses, et qu'il donne la priorité à la réussite de notre entrée dans l'union monétaire. Bien préparée, mieux expliquée à l'opinion, elle peut devenir un grand succès pour la France ! ». Rêvons encore ou cauchemardons, mais imaginons que Jospin dise ce soir : « 3 % de déficit, c'est 230 milliards. Ce ne sera pas cent balles de plus. » Quel tabac il ferait !
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