Les économistes craignent toujours la surchauffe

Les économistes britanniques semblaient relativement déçus du discours budgétaire d'hier. Pas assez de pressions sur les consommateurs, qui poussent l'économie vers une surchauffe inflationniste, pas assez d'attention portée aux entreprises exportatrices. La situation britannique peut, de plus en plus, être considérée de deux manières, avec d'un côté l'économie domestique, et de l'autre les exportations. « Le budget ne risque guère de contenir la frénésie des consommateurs », estime, en effet, James Mitchell, le stratège de BZW à Londres. De fait, selon lui, le total des taxes sur les cigarettes et autres produits de consommation se montera seulement à un milliard de livres, ce qui n'est pas assez pour empêcher la banque centrale de remonter ses taux avant la fin de l'année. Inquiétudes sur la livre. De même, les droits d'enregistrement sur les achats immobiliers haut de gamme n'auront pas grand effet sur ceux qui peuvent se permettre ces acquisitions. Enfin, la fin des réductions d'impôts sur les emprunts immobiliers ne coûtera que 100 livres par an par bénéficiaire à partir du mois d'avril prochain, selon le spécialiste de BZW. « Rien là qui puisse entamer la confiance des consommateurs et les empêcher d'acheter un nouveau réfrigérateur », renchérit Alison Cottrel, l'économiste international de Paine Webber à Londres. Elle aussi a été déçue par le discours de Gordon Brown. « Heureusement qu'il a commencé son allocution en s'inquiétant de la force de la livre ! », s'exclame-t-elle. Et de poursuivre : « A quoi sert un cadeau fiscal aux entreprises domestiques qui n'en ont pas besoin ? Quant aux entreprises exportatrices, elles risquent de ne pas avoir de grands profits à taxer puisque la remontée de la livre ne manquera pas d'affecter leurs bénéfices... » Car les observateurs commencent à s'inquiéter sérieusement de la forte poussée de la devise, qui devrait se poursuivre grâce à une inéluctable remontée des taux directeurs. Résultat, si le budget neeut pas être mauvais sur les taux longs, puisque le refinancement de l'Etat est en forte baisse, il risque, par contrecoup, de peser sur les taux courts. Du coup, les analystes sont en train de réviser leurs prévisions sur l'évolution du taux directeur. Taux directeur à 8 % ? Alors qu'avant le discours, ils plaçaient son niveau de fin d'année à 7,25 %, contre 6,50 % actuellement, certains commencent à prévoir 8 % l'an prochain. La Banque d'Angleterre se réunit les 9 et 10 juillet, et devrait décider, cette fois-ci ou dans les mois à venir, de relever une fois de plus son taux de base. C'est donc sans doute à la politique monétaire qu'il reviendra de faire le travail que la politique budgétaire n'aura pas fait. « Et ce budget brise l'image positive que venait de se donner le chancelier en accordant son indépendance opérationnelle à la Banque d'Angleterre », conclut Giles Keating, chef économiste du Crédit Suisse First Boston à Londres. Lysiane J. Baudu
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