France Télécom lance la bataille du trafic

Un peu plus d'une semaine après le vote par le Parlement de la loi relative au statut de France Télécom, l'opérateur national de télécommunications a annoncé hier une forte baisse de ses tarifs nationaux et internationaux. Comme pour bien marquer l'importance de l'événement, c'est François Fillon en personne, le ministre délégué aux Télécommunications, qui, dans une interview publiée hier matin par Ouest France, s'est transformé en porte-parole officiel de l'opérateur et a dévoilé l'opération. A compter d'aujourd'hui pour les communications interurbaines (plus de 100 kilomètres) et du 13 juillet pour les communications internationales, les abonnés vont donc bénéficier d'une diminution importante des tarifs. Le prix de l'appel national diminue de 12,6 % à 1,73 franc TTC la minute, l'unité de base passant de 22,5 secondes à 26 secondes. En même temps, les tarifs internationaux chutent en moyenne de 13,5 % : la baisse allant de 20 % pour 11 pays d'Europe à 10 % pour les Etats-Unis ou 9 % pour le Japon. En revanche, le prix des abonnements professionnels (les contrats Professionnel et Professionnel Présence) sont relevés de 10 francs. « Cette baisse constitue un investissement dans la croissance » « Il s'agit d'une véritable décision stratégique », commentait hier Bruno Janet, le porte-parole de France Télécom. Avant d'ajouter : « Cette baisse constitue un investissement dans la croissance ». Une manière de rappeler les promesses contenues dans les deux lois - celle de réglementation et celle portant sur le statut de France Télécom - qui viennent de changer radicalement le paysage français des télécoms. L'une des principales motivations de ces deux textes portait en effet sur les effets supposés bénéfiques de l'introduction de la concurrence : baisse des prix et hausse du trafic. A entendre les responsables de l'opérateur, ce mouvement n'aurait donc rien à voir avec les précédentes baisses. Ces dernières étaient alors justifiées et encadrées par le contrat de plan signé entre l'opérateur et l'Etat, qui prévoit un rééquilibrage progressif des tarifs de France Télécom. L'abonnement résidentiel est ainsi supposé atteindre à terme environ 70 francs. A l'inverse, les appels interurbains et internationaux sont appelés à diminuer. Ce rééquilibrage déjà amorcé devrait être achevé avant l'an 2000 et permettre ainsi d'éviter que les nouveaux opérateurs profitent de la structure tarifaire de France Télécom (un abonnement sen- siblement inférieur aux coûts et des communications longue distance qui viennent « subventionner » le manque à gagner enregistré sur les abonnements) en cas- sant trop facilement les prix sur les communications longue distance. A moins de deux ans de la libéralisation du marché des télécommunications, France Télécom tente de couper l'herbe sous les pieds de ses futurs concurrents en cassant méthodiquement les prix sur les segments les plus lucratifs qui remplissaient jusque-là les caisses de l'opérateur. Les marges se réduisant sur les communications longue distance, France Télécom compte compenser partiellement les effets de l'ouverture à la concurrence en déclenchant la « bataille du tra- fic ». Avec la baisse des prix annoncée hier, le pari de France Télécom n'est plus défensif mais bel et bien offensif. L'objectif ne se limite pas à se défendre face aux nouveaux venus mais vise également à ranimer la croissance du trafic : l'an dernier, calculé en minutes, il n'a progressé que de 3,6 %. Les Français passent 8 minutes par jour au téléphone Or, Michel Bon, président de France Télécom, estime que le rythme de progression pourrait passer à 10 % si la concurrence se traduit effectivement par un recul massif des tarifs. A plusieurs reprises, il a souligné qu'une partie des gains de productivité sera consacrée à la baisse des tarifs pour inciter ainsi les Français à utiliser plus massivement leur téléphone. Il est vrai qu'aujourd'hui le temps d'utilisation moyen du téléphone par abonnement n'est que de 8 minutes par jour en France, contre 20 minutes aux Etats-Unis. David BARROUX et Thierry GADAULT
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