Un industriel qui veut y voir clair

Son prédécesseur était lord, lui est roturier. Weinstock s'était découvert capitaine d'industrie mais affirmait : « Je ne visite jamais d'usine. Cela n'aurait que peu de résultats. » George Simpson, lui, est un vrai entrepreneur. Encensé par les analystes et les financiers de la City, lord Weinstock ne les aimait guère, alors que le nouveau PDG de GEC a su s'attirer leurs éloges par un parcours sans faute. Entré comme comptable chez le constructeur automobile British Leyland, il devient en dix ans patron de Rover et numéro deux de sa maison mère, British Aerospace. En secret et à la barbe du japonais Honda, actionnaire minoritaire de Rover, il vend (cher) Rover à l'allemand BMW. Il redresse ensuite l'équipementier automobile et aéronautique Lucas, qu'il fusionne avec l'américain Varity. Comme quoi George Simpson n'a pas peur des mariages transatlantiques. Il faudra s'en souvenir pour GEC. Sans détour. Et voilà que, fidèle à son parcours, quelques mois à peine après son arrivée à la tête du groupe d'électronique, il annonce sa réorganisation et sa nouvelle stratégie. Avec toujours le même objectif, appuyé de son regard bleu : y voir clair. Les partages de pouvoir, les joint-ventures dont la trésorerie est inaccessible - dans le cas de GEC Alsthom, ce sont des milliards qui échappent au groupe britannique -, ce n'est pas sa tasse de thé. Lord Weinstock affirmait adorer la discussion. George Simpson préfère aller droit au but. Quand GEC se déclare candidat à la privatisation de Thomson-CSF, début 1997, il sait que le gouvernement Juppé ne peut pas laisser faire. Mais il prend date. Nul doute qu'il souhaite un mariage GEC-Thomson. Mais si les Français préfèrent constituer une citadelle nationale du type Thomson-Alcatel, George Simpson pourrait pousser Londres à accepter enfin un mariage GEC-British Aerospace (où il a travaillé avec le PDG Dick Evans), voire à admettre une alliance transatlantique. O. P.
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