Crise sociale : un deuxième round n'est pas exclu

Après la crise, la crise ? Mê-me si les turbulences sociales ne se décrètent pas, les prédictions en ce début d'année vont toutes dans le même sens : après la trêve des confiseurs, le climat social risque de s'alourdir à nouveau. Pour Marc Blondel, secrétaire général de FO, le gouvernement « n'a pas perçu la réalité du mouvement social (...)». « Je suis sûr que, à la fin du mois de janvier, quand les prélèvements vont tomber, il y aura un réveil des revendications », a-t-il prévenu le 27 décembre dans une interview à La Tribune. La hausse des minima sociaux prévue par le gouvernement au 1er janvier ne serait apparemment pas de nature à calmer la grogne, Marc Blondel jugeant dimanche ces augmentations « insuffisantes ». Quant à la CGT, elle a déjà appelé les salariés à reprendre l'action « dès la première semaine de janvier ». Mot d'ordre saisi au bond par la fédération CGT de l'énergie qui a appelé les salariés d'EDF-GDF à observer une journée de grève dès cette semaine, le jeudi 4 janvier. La mise en garde, côté patronal, de l'Union des industries métallurgique et minière (voir ci-contre) est elle aussi éloquente, la fédération patronale craignant au cours des prochaines semaines un « glissement en profondeur, qui pourrait s'avérer redoutable » si l'Etat ne clarifie pas plus ses projets. Apparemment, les décisions prises lors du sommet social du mois dernier n'ont pas brisé net le mécontentement. A la base, les militants syndicaux estiment que cette grand-messe ne répond guère aux attentes des salariés. Au sommet, les chefs de file des organisations syndicales ont, dans leur majorité, été déçus par les mesures annoncées par Alain Juppé destinées à soutenir la croissance et l'emploi. Pour Louis Viannet, secrétaire général de la CGT, le gouvernement n'a « manifestement pas pris la mesure des exigences que porte le mouvement et qu'expriment les salariés, retraités, sans-emploi ». Même la CGC, proche de l'actuelle majorité, s'avoue perplexe. Si la CFTC estimait hier « qu'il n'y a pas un jour à perdre pour concrétiser les promesses du sommet ». Elle rappelle que « le patronat est tout autant engagé que le gouvernement. Le CNPF a sans doute raison de faire observer qu'il n'a pas déclenché la crise. Mais il aurait tort de se désintéresser d'un climat social tendu qui le concerne en premier lieu », prévient Alain Deleu, président du syndicat chrétien. A l'exception de la CFDT - pour celle-ci, la crise sociale provient exclusivement des menaces que le gouvernement a fait peser sur les régimes spéciaux de retraite -, tous estiment que les événements de décembre peuvent se renouveler au cours des prochaines semaines. La situation s'avère d'autant plus délicate qu'elle se joue sur fond de recomposition syndicale. FO, qui, par tradition, est l'interlocuteur privilégié des pouvoirs publics, est pratiquement passé dans le camps des opposants. A trop vouloir négocier avec le pouvoir, la CFDT a contraint une partie de sa base à se radicaliser. A tel point que certaines de ses fédérations ou unions régionales ont réclamé la convocation d'un congrès extraordinaire. P. Ch.
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