GEC renonce à sa stratégie d'alliances

Cette fois, c'est sûr : General Electric Company (GEC) est entré dans l'ère post-Weinstock. George Simpson, qui, depuis septembre 1996, tient les rênes du groupe britannique spécialisé dans l'électronique et la défense (chiffre d'affaires : 3,56 milliards de livres, soit quelque 35 milliards de francs), l'énergie et les transports (3,5 milliards de livres de recettes) et les télécommunications (1 milliard de livres), a en effet annoncé hier à Londres une révision radicale de la stratégie de la compagnie. « Le moment est venu pour GEC de se transformer », a expliqué George Simpson, en soulignant la nécessité de « s'éloigner de la culture des joint-ventures » sur lesquels reposent jusqu'à présent les développements stratégiques du groupe. Le nouveau GEC sera donc un groupe reconcentré sur les activités de défense, d'électronique et de communication. Ce repositionnement doit lui permettre d'échapper à une structure trop disparate, alourdie par des partenariats dans lesquels son pouvoir de décision se trouve trop dilué. Allégé, redynamisé, GEC sera alors en mesure de maximiser l'intérêt de ses actionnaires - un objectif que lord Simpson juge essentiel. Rester chez les grands. Ambitieuse, cette nouvelle stratégie se construira donc autour de GEC Marconi, la seule division que GEC détient à 100 % et dont il tire environ le tiers de ses profits. Alors que l'industrie de la défense américaine se consolide à coup de méga-fusions (Lockheed Martin avec Northtrop Grumman, et Boeing avec McDonnell Douglas), George Simpson sait que GEC, huitième acteur mondial dans le secteur de la défense, doit agir s'il ne veut pas être, dans quelques années, définitivement écarté de la cour des grands. Il veut donc renforcer la position de GEC Marconi en Europe et aux Etats-Unis et en faire un acteur global de l'industrie électronique. « Marconi, estime un analyste, c'est le joyau de la collection GEC. George Simpson sait qu'il doit tout entreprendre pour le préserver et le faire briller. » Il lui faut donc des partenaires. Si GEC a tout mis en oeuvre pour placer de mnière indirecte ses cartes dans la privatisation de Thomson-CSF (il est aux côtés d'Alcatel comme de Lagardère), le changement de gouvernement en France rend désormais plus incertain la participation d'un groupe étranger. Au moins dans un premier temps. La stratégie de GEC pourrait ainsi se déployer dans d'autres directions, aucune n'excluant l'autre. « Il n'est d'abord pas exclu que GEC cherche à nouer un partenariat, puis ensuite à acquérir la filiale défense de l'italien Finmeccanica Alenia Difensia, estime Charles Armitage, analyste chez Lehman Brothers. Ce qui ferait de lui le quatrième acteur mondial de la défense et, surtout, le plus important hors des Etats-Unis. » Pas d'indications précises. Dans ces conditions, quid des joint-ventures avec le français Alcatel Alsthom (GEC-Alsthom) et avec l'allemand Siemens (GPT) ? Pour l'heure et pour le plus grand mécontentement de la City, George Simpson n'a pas donné d'indications précises. GEC-Alsthom, la filiale spécialisée dans l'énergie et les transports, est détenue à 50/50 par chacun des deux groupes et les analystes estiment qu'ils pourraient décider non pas de mettre fin à la société commune, mais de l'introduire en Bourse, à Paris et à Londres. « On peut évaluer la participation de GEC dans GEC-Alsthom à environ 2,5 milliards de livres », souligne Charles Armitage. Quant à GPT, la filiale spécialisée dans les télécommunications, elle est détenue à 60 % par GEC et à 40 % par Siemens. Selon les analystes, GEC pourrait soit échanger sa participation (évaluée à 1,1 milliard de livres) contre l'acquisition de Plessey (Siemens compléterait alors la différence par un apport de cash), soit garder le joint-venture, mais en prenant une part plus active dans la recherche et le développement. Quoi qu'il en soit, le groupe britannique possède les moyens de ses ambitions. GEC, qui vient de publier ses résultats annuels (profits avant impôts en hausse à 1,01 milliard de livres contre 981 millions en 1996), dispose d'une trésorerie positive de quelque 800 millions de livres pour mener à bien son programme d'acquisitions. A en croire George Simpson, GEC pourrait même s'offrir le luxe de retourner du cash à ses actionnaires lorsqu'il procédera aux opérations de désengagements. Nava Dahan, à Londres
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