Air Inter : bras de fer pour une fusion

La voie de la compagnie européenne, préparée depuis deux ans, est donc fermée depuis le 30 juin », indique Christian Blanc, président du groupe Air France et de la compagnie Air France Europe (ex-Air Inter), dans une lettre datée du 1er juillet à l'intention des salariés de la compagnie. Le rapprochement de l'ex-Air Inter et des activités européennes d'Air France n'est plus à l'ordre du jour. Face à la position des syndicats qui ont refusé de progresser dans cette direction, Christian Blanc annonce qu'il prendra une autre voie. La seule alternative dont il ait fait mention jusqu'à présent est claire : la fusion pure et simple des deux compagnies. Le dossier Air France est aussi devenu un dossier d'Etat. Le porte-parole du gouvernement, Alain Lamassoure, l'a brutalement rappelé dimanche soir. « Le projet d'Air France Europe est fortement compromis par le maintien de la crise sociale, on va être obligé d'envisager, parce que ce sera la seule solution possible, la fusion », a-t-il lâché à l'émission 7 sur 7 de TF1. Hier soir, c'était au tour du ministre des Transports, Bernard Pons, de recevoir l'ensemble des représentants syndicaux de l'ex-Air Inter, Air France Europe (Air Inter Europe pour la marque). Il leur a indiqué que le gouvernement avait demandé une étude sur l'hypothèse d'une fusion entre Air France et Air France Europe, estimant au passage que l'une ne pouvait vivre sans l'autre. Cette rencontre a suscité le scepticisme, la déception et le désaccord des représentants syndicaux opposés à la fusion, synonyme à leurs yeux de réduction d'effectifs, et au plan de restructuration prévu pour l'ex-Air Inter. Pour contrer ce projet, certains se disent même prêts à réétudier le projet d'une compagnie européenne née du rapprochement d'Air France Europe et du CDR (Centre de résultats) Europe d'Air France. Cette idée prônée depuis de longs mois par la direction avait pourtant été combattue jusque là par la majorité des syndicats. Ce schéma initial de Christian Blanc devait être concrétisé avant la déréglementation des transport aériens européens au 1er avril 1997. Il paraît maintenant écarté. La fusion qui pourrait intervenir dès les mois qui viennent, ne serait plus limitée à la seule activité européenne d'Air France, mais concernerait, du coup, l'ensemble de l'entreprise. La différence ? L'harmonisation des conditions de travail ne serait plus négociée, mais imposée. La mesure pourrait être annoncée jeudi, lors de la réunion de deux comités d'entreprise successifs, celui d'Air France Europe, puis celui d'Air France. Christian Blanc est donc prêt à brusquer le processus de rapprochement des deux entreprises, scénario sur lequel a planché son état-major lors d'un séminaire ce week-end. Il y est incité par la grève soudaine de vendredi chez Air France Europe et par le refus de plusieurs syndicats de pilotes de l'ex-Air Inter de conclure avant le 30 juin un accord sur les salaires, les harmonisant avec ceux de leurs homologues d'Air France via une diminution d'environ 15 %. En exposant jeudi ses « propositions d'organisation » du groupe aérien, il affirmera aussi que, puisque les syndicats refusent la compagnie européenne, la fusion sera la seule solution capable d'éviter une hécatombe sociale au sein d'Air France Europe et de préserver la pérennité de cette entreprise. « Je défendrai l'activité domestique et l'outil de travail sera protégé, affirme Christian Blanc dans sa lettre. Les départs de l'entreprise se feront sur la base du volontariat. Les salaires seront équivalents à ceux d'Air France. » Un vrai préambule à la fusion avec « une organisation générale du groupe permettant la complémentarité des activités court, moyen et long courriers ». P. M. et O. P.
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