Le secteur financier relancera les privatisations

Depuis deux semaines, le gouvernement distille, en direction de l'opinion publique, son message sur la problématique des privatisations. Hormis l'évocation d'«adaptations » éventuellement nécessaires, le discours de politique générale du Premier ministre, le 19 juin, avait laissé les entreprises du secteur public dans le flou concernant les intentions du nouveau gouvernement sur ce sujet. Puis le ministre de l'Economie, des Finances et de l'Industrie, Dominique Strauss-Kahn, avait observé, le 26 juin, devant le Forum de l'Expansion: « Lorsque la nécessité apparaît, par exemple dans le cadre d'un engagement européen faisant suite à une opération de recapitalisation, à ce moment la procédure de privatisation pourra suivre son cours. » Audit des finances. Quelques jours plus part, le Premier ministre lui-même est venu affiner le discours : « Je ne suis pas sûr que l'Etat a vocation à sans cesse renflouer des institutions financières en difficulté. » En annonçant donc implicitement une décision rapide concernant le dossier du GAN-CIC, l'incendie à éteindre en priorité, et aussi, en bonne logique, le dossier de la Marseillaise de Crédit. Celui du Crédit Lyonnais peut être également considéré sous cet angle, même si l'urgence, pour l'heure, ne paraît pas tant d'annoncer une recapitalisation et une privatisation de la banque que de parvenir à lever enfin l'hypothèque du prêt à l'EPFR qui pèse sur le redressement de ses comptes. La publication de l'audit des finances publiques, le 21 juillet, risque d'être un nouveau temps fort pour Matignon et Bercy pour accentuer encore un peu plus la pression. La raison d'Etat - en l'occurrence la volonté de préserver l'intérêt du contribuable - l'emporte donc clairement aujourd'hui sur l'hostilité de principe aux privatisations. S'ajoute à cela la contrainte bruxelloise : dans le cas du GAN, le gouvernement s'est de lui-même placé dans un calendrier serré : il a obtenu le report au 15 septembre de l'assemblée générale des actionnaires de l'assureur, qui doit encore approuver son plan de sauvetage. Ce qui suppose de trouver un accord sur ce sujet avec Bruxelles d'ici à la fin juillet. Reste à savoir si cette stratégie de sortie accélérée du secteur financier intégrera une vision industrielle des situations. Le traitement du dossier GAN sera, là encore, intéressant à observer. Les prétendants au rachat de la compagnie d'assurances ne manquent pas. L'Etat, propriétaire actuel de la compagnie, privilégiera-t-il pour autant une solution franco-française, défendue par les AGF, même si cela passe en partie par un échange de titres, solution moins favorable pour les finances publiques ? Ou bien la vente à un acheteur étranger capable de mettre du cash sur la table ? Ce qui, dans cette dernière hypothèse, serait l'expression d'un pragmatisme encore plus prononcé. Philippe Reclus
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