Recapitalisation-privatisation : l'exemple de Bull

A bien des égards, Air France aujourd'hui ressemble au groupe Bull d'avant la privatisation. Et la vente du groupe aérien au privé pourrait prendre des formes analogues à celles qui furent retenues pour le constructeur de matériel informatique. Avril 1995. A quelques jours du premier tour de l'élection présidentielle, le gouvernement Balladur annonce la privatisation partielle de Bull. Malgré sa fragilité financière, le groupe informatique français se constitue un nouveau noyau dur, constitué par Motorola et Nec : les deux actionnaires acquièrent chacun 17% des actions. A leur côté, la part des pouvoirs publics tombent de 94 % à 54%, dont 17% sont détenus par France Télécom. Cette ouverture du capital n'en finit plus d'étonner. Deux ans auparavant, Bull, exsangue financièrement (comme Air France), se voyait recapitalisé à hauteur de 11 milliards de francs (Air France, pour sa part, a déjà reçu quinze des vingt milliards de francs que l'Etat lui a promis). Mais, pour autoriser cet énième sauvetage du constructeur informatique, Bruxelles demandait alors au gouvernement français d'engager le processus de privatisation de l'entreprise avant la fin de l'année 1995 (Chritian Blanc, pour Air France, s'est aussi engagé pour 1997 ou 1998). Compte tenu de l'état des comptes - entre 1990 et 1994, Bull a perdu 11,8 milliards de francs, hors provisions pour restructurations - les partenaires potentiels n'étaient pourtant pas nombreux. Faisant le forcing auprès de ses partenaires industriels et des groupes intéressés par les compétences de Bull dans certains domaines, Jean-Marie Descarpentries, le président de Bull qui mène les négociations, leur offre des conditions très avantageuses, dont une valorisation très basse de l'action. La direction du groupe Air France devra-t-elle rechercher des solutions approchantes ? Dans l'immédiat, le parallèle entre les deux groupes ne peut aller plus loin. Malgré l'ouverture de son capital à des industriels privés, Bull demeure soutenu par l'Etat, dont la garantie est réclamée et obtenue par le pool bancaire américain qui finance les besoins à court terme du groupe. Selon Jean-Marie Descarpentries, Bull a maintenant jusqu'à 1997 pour faire passer la participation de l'État en dessous de la barre des 50 %. Il affirme même maintenant que cette opération pourrait être bouclée d'ici à la fin de l'année, grâce à l'arrivée au tour de table d'un partenaire européen, industriel ou financier. Selon nos informations, Franck Borotra, le ministre de l'Industrie, le presserait de privatiser complètement Bull, au besoin en vendant par appartement le groupe. Une solution que Jean-Marie Descarpentries chercherait à éviter. TH. G.
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