Avec la mort de François Mitterrand, la France et l'Europe ont perdu un des hommes d'Etat les plus éminents de l'histoire de l'après-guerre. Le peuple allemand est en deuil d'un grand ami et d'un grand européen. François Mitterrand a marqué de manière déterminante le visage de l'Europe de l'après-guerre, grâce à sa personnalité et sa vision d'une Europe paisible, fondée sur la démocratie et le respect de la dignité humaine. Il reconnaissait l'importance décisive d'un partenariat étroit et empreint de confiance entre la France et l'Allemagne pour réaliser l'oeuvre comune européenne. Pour lui, l'Europe était davantage que la création d'un espace économique commun, même si cet aspect de la construction européenne revêtait pour lui une grande importance. François Mitterrand estimait que l'identité de l'Europe intégrait une responsabilité d'assurer à ses peuples un avenir dans la paix et la liberté. Son appel à surmonter définitivement la guerre, les préjugés et le nationalisme, ainsi que sa lutte pour la reconnaissance mondiale des droits de l'homme resteront inoubliés. Nous, les Allemands, nous nous souviendrons toujours avec une profonde reconnaissance du soutien engagé de François Mitterrand pendant la révolution paisible pour la liberté en Allemagne dans les années 89-90. Jamais il n'a laissé planer un doute sur sa conviction intime - même dans les nombreux entretiens avec moi - que surmonter la division de l'Allemagne et de l'Europe était une condition nécessaire à l'instauration d'un ordre pacifique durable et juste pour l'Europe entière. Sa vision politique a également fait de lui un supporter précoce du rapprochement des Etats de l'Europe centrale et de l'Est avec l'Union européenne. En même temps, il savait que la paix et la stabilité en Europe ne pouvaient être assurées durablement qu'avec un partenariat transatlantique avec les Etats-Unis, dans la confiance. Nous regrettons avec François Mitterrand un grand Français et un grand Européen. * Ministre allemand des Affaires étrangères de 1974 à 1992.
« Nous, les Allemands, nous nous souviendrons... » Par Hans Dietrich Genscher *
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