A reculons

Ce qu'il y a d'ennuyeux avec les oiseaux de mauvais augure, c'est qu'ils ont souvent raison. Nombreux sont ceux qui avaient fait entendre leur lugubre voix lorsque Lionel Jospin s'était engagé, pendant la campagne électorale, à tenir ses promesses sans augmenter les prélèvements obligatoires. Et ils prédisaient que la gauche serait contrainte d'agir au rebours de ses engagements, et de gouverner la France, en quelque sorte, à reculons. De fait, il est clair, désormais, que les engagements européens de la France ne pourront être respectés sans cure d'austérité supplémentaire. Et ce d'autant moins que le chancelier Kohl est plus déterminé que jamais à afficher un déficit public de 3 % tout juste en 1997. Les discussions sur le respect « en tendance » des critères de Maastricht, sur lesquelles Paris comptait pour se donner un peu de souplesse, risquent dès lors de tourner court. Comme le gouvernement se refuse à porter résolument le fer dans les dépenses de fonctionnement de l'Etat, et que les 10 milliards de dépenses gelées par le gouvernement Juppé serviront à financer la mini-relance socialiste, c'est une nouvelle ponction sur l'économie d'environ 25 milliards de francs qui se prépare. Après la hausse de 4 % du Smic, voilà qui ne présage rien de bon pour les entreprises. Celles-ci peuvent aujourd'hui s'attendre à un nouveau prélèvement « exceptionnel » que la nouvelle majorité parlementaire ne fera aucune dif- ficulté à voter. La réduction des déficits y trouvera peut-être son compte, mais sûrement pas la croissance ni l'emploi.
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