Air France-Air Inter ont neuf mois pour fusionner

Air France et l'ex-Air Inter vont fusionner. Le PDG d'Air France, Christian Blanc, l'avait déjà laissé entendre dans une lettre datée du 1er juillet aux salariés de l'ex-Air Inter devenue Air France Europe. Le ministre des Transports, Bernard Pons, puis le Premier ministre, Alain Juppé, ont ensuite affirmé publiquement qu'ils y étaient favorables. Hier, lors des deux comités d'entreprise d'Air France Europe puis d'Air France, Christian Blanc a enfoncé le clou. Son intention est bien de créer au sein d'une même entité, le groupe Air France, deux divisions : l'une long-courrier, l'autre moyen et court-courrier. La première accueil-lera les outils nécessaires au long-courrier, à commencer par les avions (du type Airbus A340 et Boeing 747). La seconde, sur la base de l'ex-Air Inter et des activités européennes d'Air France, regroupera les moyens nécessaires aux vols en France et en Europe à commencer par les avions à rayon d'action réduit comme les petits Boeing 737, Fokker 100 et Airbus A320 et A321, voire des gros-porteurs pour les lignes courtes mais à haute densité (Airbus A300, A310, A330) même si ces derniers ont plutôt vocation, du fait d'une concurrence aérienne accrue, à sortir de la flotte franco-européenne. Sur le modèle de British Airways et de Lufthansa Air France veut donc rapprocher son organisation de celle de ses grands rivaux européens comme British Airways et Lufthansa. Au-dessus des deux entités d'exploitation, long et moyen-court-courrier, la future entité fusionnée pourra générer des économies en regroupant des fonctions désormais commu-nes : programmes, gestion et acquisition de la flotte d'avions, finances, ressources humaines et yield management : la gestion informatisée et fine de la recette unitaire, ce que rapporte à la compagnie chaque billet vendu. Cette unification permettra d'harmoniser les conditions de travail et de rémunérations des salariés, pilotes, hôtesses et personnel au sol, venus d'Air France et d'Air France Europe. Chez cette dernière, une telle perspective fera grincer des dents, en particulier chez les pilotes dont le refus de s'aligner sur les conditions de travail de leurs homologues d'Air France (avec une baisse de salaire de 15 %) a déjà fait capoter le projet initial de la direction d'unir l'ex-Air Inter avec les activités européennes d'Air France réunies dans son CDR (centre de résultats) Europe. Qui dirigera la future organisation court-moyen-courrier ? Jean-Pierre Courcol, directeur général d'Air France Europe, ou Patrick Alexandre, patron du CDR Europe d'Air France ? Officiellement, la question ne se pose pas encore. Mais même si Christian Blanc cite spontanément le nom de Jean-Pierre Courcol, ce dernier laisse poindre des états d'âme, lui qui avait prôné le rapprochement d'Air France Europe avec le CDR Europe d'Air France avant de se rallier à la fusion pure et simple entre l'ex-Air Inter et la compagnie Air France. Un délai de quelques mois seulement Cette fusion doit intervenir au printemps 1997, sous la direction d'Auguste Gayte, numéro deux du groupe Air France derrière Christian Blanc et longtemps numéro deux d'Air Inter (voir ci-dessous). C'eût été auparavant impossible, non seulement parce que le groupe aérien français a besoin de temps pour cette vaste réorganisation, mais aussi parce que l'accord de Bruxelles pour la recapitalisation d'Air France par l'Etat à hauteur de 20 milliards de francs (dont la Commission européenne doit encore autoriser le versement de 5 milliards) implique un statu quo de la structure du groupe Air France jusqu'en 1997. Cette année sera aussi l'échéance qui permettra aux concurrents européens d'Air France d'investir en toute liberté le ciel intérieur français. Christian Blanc n'a donc que quelques mois devant lui. La menace d'une prochaine grève des pilotes chez British Airways, la première depuis 1978, et les résultats financiers décevants de l'allemande Lufthansa au premier semestre (330 millions de francs, en recul de 47 %) ne suffiront pas à Air France pour refaire son retard en terme d'efficacité, de productivité et de rentabilité. Olivier Provost
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