Un homme et tous les pouvoirs

Juste avant la réapparition de Boris Eltsine, lundi à la télévision, après une éclipse de plusieurs jours, Guennadi Ziouganov avait demandé la mise sur pied d'une commission médicale pour examiner l'état de santé du président. « Il faut que les citoyens russes sachent exactement qui dirige leur pays », avait-il plaidé. Les tentatives de faire passer un tel projet à la Douma, sous la pression des communistes, ont jusqu'ici toujours échoué. Néanmoins, le problème reste entier. L'article 93 de la Constitution russe stipule bien qu'en cas d'incapacité ou d'empêchement du chef de l'Etat, c'est le Premier ministre qui assure l'intérim. Mais aucun dispositif légal n'est prévu pour statuer sur l'incapacité du président à exercer le pouvoir. De même, l'article 92 de la Constitution prévoit qu'en cas de totale défaillance, pour des raisons de santé, une élection présidentielle doit se tenir dans un délai de trois mois. Or, l'état physique de Boris Eltsine fait régulièrement l'objet de spéculations. La pratique de la publication de bulletins de santé réguliers n'a pas cours en Russie. Et quand bien même elle serait instaurée, elle ne constituerait pas une garantie, l'exemple du président Mitterrand en France l'a montré. Les ennuis de santé du président russe révèlent un vide juridique d'autant plus inquiétant qu'il jouit de prérogatives très étendues. Du coup, à la moindre défaillance, c'est tout le système qui vacille. De ce fait, l'idée de réintroduire une vice-présidence a refait surface. Et c'est l'étoile montante de la politique russe qui s'est mise à en rêver. A la fin de la semaine dernière, Alexandre Lebed s'est en effet prononcé pour le rétablissement à son profit du poste de vice-président. Sa proposition n'a toutefois pas rencontré d'échos. « Les précédentes expériences de vice-présidence en Russie n'ont pas été réussies », a notamment commenté Egor Gaïdar. Par cette litote, l'ancien Premier ministre russe faisait référence à Alexandre Routskoï qui avait été élu aux côtés de Boris Eltsine, en 1991. Le général Routskoï, un ancien d'Afghanistan, était alors très populaire et avait contribué à l'élection de Boris Eltsine, dès le premier tour. Mais, deux ans plus tard, Alexandre Routskoï passait à l'opposition et dirigeait la résistance armée écrasée par les unités fidèles à Boris Eltsine. Le poste d'une vice-présidence n'a donc pas laissé les meilleurs souvenirs. Mais l'histoire est facétieuse. Pour ce deuxième mandat, Boris Eltsine a fait alliance avec un autre général, lui aussi ancien d'Afghanistan. Et Alexandre Lebed ne cache pas son ambition de devenir le numéro deux du régime. B. B.
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