La SNCF dans l'expectative

Qui va présider le conseil d'administration de la SNCF qui devrait se tenir mercredi 10 juillet ? La question se pose dès lors que le président, Loïk Le Floch-Prigent, est en prison alors que son projet de réforme, négocié avec l'Etat actionnaire, doit être examiné. Officiellement, les statuts de la SNCF prévoient son suppléant : Christian Brossier, représentant l'Etat au conseil d'administration et président de la section des affaires économiques au conseil général des Ponts et Chaussées. Mais la CGT menace de protester « si le conseil fait plus que d'examiner les affaires courantes et aborde la question de la réforme de la SNCF qui est le projet du président et que nous voulons voir se poursuivre ». « Toute sa sympathie », mais avec une précision A la tête de la société, le message se veut clair : « Le travail se poursuit comme d'habitude. » La SNCF a fait part de « toute sa sympathie » à l'égard de son président... tout en rappelant que sa mise en examen concerne des faits extérieurs à la société. « Les membres du comité exécutif conservent toutes leurs attributions », ajoute la direction. La maison est donc entre les mains des deux directeurs généraux délégués, Alain Poinssot pour la clientèle et Francis Taillanter pour les infrastructures, assistés du secrétaire général Pierre Fa - proche de Loïk Le Floch-Prigent -, du directeur du fret, Armand Toubol et de celui des ressources humaines, Pierre Vieu. La direction de la SNCF fait écho aux propos du Premier ministre, Alain Juppé, qui rappelait, évoquant le sort de Loïk Le Floch-Prigent, qu'une personne restait présumée innocente tant qu'elle n'était pas condamnée. Mais même au sein de l'entreprise, on reconnaît que l'incarcération complique la situation. Dès lors, toute la question - qui reste à poser à l'Elysée, qui défend aussi la présomption d'innocence, à Matignon et au gouvernement - est de savoir si la SNCF peut poursuivre sur ses rails tout en étant privée (provisoirement ?) de son président qui n'a, pour l'heure, pas l'intention de démissionner. « L'important, pour la SNCF, c'est que la gestion soit assurée, son ambition de réforme maintenue, de même que l'esprit de souci du client et la concertation mis en oeuvre par le président », a souligné, sur RFI, le secrétaire d'Etat aux Transports, Anne-Marie Idrac. Or la société est à un tournant. Déjà étudiée par le Parlement, sa vaste réforme afin de retrouver l'équilibre dès1998 devait être entérinée mercredi en conseil d'administration. Elle consiste à laisser à la SNCF la gestion de son réseau et à transmettre à un établissement public, dès 1997, les infrastructures ferroviaires qu'utilisera l'entreprise moyennant péage. Au passage, l'Etat récupérera 125 des 206 milliards de francs de la dette, à fin 1996, de la société. Ce projet s'accompagne d'une expérience de régionalisation et d'un vaste programme de reconquête de la clientèle. Mais les principaux syndicats renâclent. La CFDT s'oppose à la réforme. Et la CGT, qui a défendu le projet en soutenant Loïk Le Floch-Prigent, exige des clarifications, affirmant que la récente lettre de Matignon est en retrait sur le projet initial. Les pouvoirs publics sont donc dans une situation délicate, Loïk Le Floch-Prigent apparaissant comme l'homme qui était en train de relancer la SNCF en sachant dialoguer avec les syndicats. Si le gouvernement décide de lui donner un successeur, il lui faudra dénicher l'oiseau rare, à la fois industriel, financier et doté d'un fort sens de la clientèle. O. P.
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