Antonio Fazio gagne une première manche face à ses opposants

Droit dans ses bottes, le gouverneur de la Banque d'Italie, Antonio Fazio, s'est justifié point par point vendredi dernier devant le Comité interministériel du crédit et de l'épargne (CICR) à propos de son action lors des OPA déposées par des banques étrangères, ABN-Amro et le BBVA, sur les banques italiennes Antonveneta et BNL. Accusé de favoritisme en faveur des contre-offres italiennes d'Unipol et de BPI, le patron à vie de la banque centrale a, vendredi, au terme de trois heures d'audition devant six ministres, tout simplement estimé qu'il avait "scrupuleusement observé les normes des règlements communautaire et italien".Convaincant. Le document d'un peu moins de trente pages exposant ses arguments, jugé "très détaillé" par le CICR, pourrait être rendu public par Antonio Fazio, ainsi que le CICR l'y a incité. A l'issue de la confrontation, au cours de laquelle le gouverneur a été attaqué à de nombreuses reprises, les membres du CICR ont semblé convaincus par la défense de Fazio. Mais tout n'est pas réglé pour autant. Car Antonio Fazio n'a pas complètement sauvé sa tête.Ce week-end, l'affaire a commencé à prendre une tournure politique. Le prochain grand test aura lieu ce vendredi, à l'occasion du Conseil des ministres, qui doit se prononcer sur l'avenir du gouverneur. Vendredi dernier, à l'issue de la réunion du CICR, le ministre du Travail, Roberto Maroni, a "exclu toute initiative directe et immédiate du gouvernement" à l'encontre d'Antonio Fazio. Même conviction chez le ministre des Transports, Pietro Lunardi, pour lequel "la présentation était excellente, détaillée et clarifiante". Toujours est-il que, divisé entre les partisans du gouverneur (Ligue du Nord et Forza Italia) et ses adversaires (Alliance nationale et UDC), le gouvernement, engagé dans la bataille électorale des législatives de 2006, devra tenir compte des critiques de l'opposition et surtout des industriels qui réclament âprement le départ de Fazio.Donné perdant dans les sondages, le gouvernement de Silvio Berlusconi, qui a besoin de soutien, pourrait bien obliger le gouverneur à partir en présentant un projet de réforme de la Banque d'Italie, avec à la clé l'introduction du mandat à terme. Une solution prôné par certains partis politiques, qui demandent que la question soit réglée par le Parlement avec l'adoption d'un projet de loi qui obligerait Antonio Fazio à jeter l'éponge pour sauver "la crédibilité et l'impartialité du système miné par le gouverneur".Arguments. S'agissant de l'offre de la BPI sur Antonveneta, à laquelle Fazio avait donné son accord contre l'avis de deux inspecteurs de la banque centrale, le gouverneur a estimé que "personne n'a été favorisé", voire "au contraire, nous pourrions dire que l'examen du dossier d'ABN-Amro a été plus rapide que ne le prévoit la législation [57 jours au lieu de 80]". Par ailleurs, il a estimé que, "compte tenu de l'augmentation de capital" de BPI, la position de cette dernière "présente de larges excédents par rapport aux minima requis". Le gouverneur a précisé que la banque centrale continuait la consultation de plusieurs juristes et que, de manière générale, s'agissant d'OPA, celle-ci a toujours "maintenu d'étroites relations avec la Consob", l'autorité de marché italienne.Guénaëlle Le Solleu et Ariel Dumont, à Rome
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