Bâle II, un objectif lointain pour les banques russes

La moitié des banques russes ne se considèrent pas prêtes pour le nouveau cadre réglementaire. Un sondage publié la semaine dernière révèle que la moitié des banques russes doutent de leur capacité à mettre en oeuvre les nouvelles règles de gestion du risque et d'adéquation des fonds propres, regroupées sous le nom de Bâle II. En outre, 16 % s'estiment d'ores et déjà persuadées qu'elles ne seront pas en mesure de suivre les plans de la banque centrale russe, qui prévoit d'introduire en deux étapes, 2008 et 2009, le nouveau ratio de solvabilité. Réalisée par Rossia, une association de banques régionales, l'étude a porté sur 77 banques, dont deux tiers sont des établissements financiers régionaux. Seules 18 % des banques russes se disent certaines qu'à cette date elles seront prêtes pour Bâle II.Coûts importants. Parmi les principaux problèmes évoqués par les banques russes, l'absence de mécanisme d'alerte en cas de situation de crise. Il y a seulement un an, en juillet 2004, une crise de confiance avait frappé les banques privées russes, causée par l'assainissement un peu brutal du secteur par la banque centrale russe. Autre reproche envers Bâle II, partagé celui-là par les banques occidentales, celui des coûts importants entraînés par l'application des règles."La communauté internationale va appliquer Bâle II et sur ce point la Russie ne reste pas sur la touche. La banque centrale a fait savoir que les standards de Bâle II seront adoptés par les banques russes", souligne le président de Rossia, Alexandre Mourytchiov. "Nous sommes opposés à une mise en oeuvre rapide de la même manière que d'autres pays comme les Etats-Unis, qui ont signé les accords de Bâle sans être toutefois prêts à s'y conformer."De son côté, Jaime Caruana, directeur du comité de Bâle qui a supervisé l'élaboration des nouvelles règles, reste prudent sur les capacités du secteur bancaire russe. "Je ne peux répondre à la question de savoir quand la Russie sera en mesure de participer à Bâle II. Le temps nécessaire sera déterminé par la conjoncture intérieure du pays", estime le banquier, qui est également président de la banque centrale d'Espagne.Malgré des résultats un peu inquiétants, le sondage mené par l'association est accueilli positivement par la banque centrale russe. Le fait qu'un quart des banques tentent - même partiellement - de s'adapter aux exigences de Bâle II est déjà un bon signe en soi pour les autorités qui, par ailleurs, continuent activement de mettre hors jeu les établissements bancaires sous- capitalisés et douteux.Emmanuel Grynszpan, à Moscou
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