Les fondations de recherche démarrent doucement

Basée à Lille, la fondation Coeur et Artères, qui vise à l'amplification et à la valorisation de la recherche et de la prévention des maladies du coeur et des artères, vient d'être reconnue d'utilité publique. Dans un pays où les mécènes préfèrent l'art à la science, l'événement mérite d'être noté. Rassemblant des industriels de l'agroalimentaire, de la pharmacie, de la banque et de la grande distribution, c'est la première à accéder à cette reconnaissance parmi la dizaine de fondations ayant déposé leurs statuts pour reconnaissance d'utilité publique.Le premier conseil de surveillance de Coeur et Artères vient de se réunir. Il assure le pilotage stratégique et compte rassembler 40 millions d'euros de ressources dans les six prochaines années. Les fondateurs - qui incluent Bonduelle, Unilever, McCain, Aventis-Sanofi, Genfit, Banques Populaires du Nord et Assurances Verspierren, ainsi qu'Auchan - apportent un capital de 8,5 millions d'euros abondés pour moitié par l'Etat.La fondation s'est fixé pour but de limiter ses frais de fonctionnement afin de consacrer à la recherche et aux actions de prévention 80 % de ses ressources financières. "Nous voulons éviter le saupoudrage, explique Max Anghilante, le président du directoire de la fondation. Nous sommes dans un schéma inédit, qui permet d'être indépendant du gouvernement, des fondateurs industriels, et de fonctionner comme une entreprise."Dotation. La gestion s'en trouve facilitée. Jusqu'à présent, les fondations n'avaient pas la possibilité d'utiliser leur dotation, mais seulement le revenu de la dotation. Désormais, c'est différent. L'Etat a ouvert la possibilité de les consommer. "Notre atout, c'est d'avoir considéré que c'était un projet industriel, poursuit Max Anghilante, qui reconnaît l'efficacité du ministère sur ce dossier. Il y a un an, il fallait entre 18 et 24 mois pour une reconnaissance d'utilité publique après avoir déposé le dossier. Le ministère s'est engagé à réduire ce délai à 6 mois. Il a tenu promesse en nous labellisant peu de temps après." Les nouvelles fondations de recherche sont financées par un nouveau Fonds de priorité recherche de 150 millions d'euros de la loi de finances 2004, inscrit dans le compte d'affectation spéciale. Pour en bénéficier, la règle est simple : pour chaque euro provenant de donateurs privés, l'Etat abondera d'un euro. L'objectif politique est d'augmenter la part "entreprises" de dépenses de R&D, pour se rapprocher de l'objectif de 2 % du PIB de dépenses privées à l'horizon européen de 2010.Force est de constater que peu de fondations se sont présentées. La communication du ministère sur ce dossier s'est faite discrète. Les industriels sont peu au courant des possibilités qui leur sont offertes. Certains affichent une certaine prudence, voire un réel désintérêt, tant l'enjeu financier leur semble faible. Une partie de l'enveloppe non utilisée a été transférée sur des instituts de recherche, et plusieurs projets, venant de chercheurs, sont tombés à l'eau parce qu'ils n'avaient pas de partenaires industriels.Ce qui fait dire à certains industriels que la culture des fondations n'est pas encore mûre en France. A la différence des Etats-Unis, le financement par dons est le maillon faible en France. Il existe à peine plus de 1.000 fondations en France, dont 473 d'utilité publique, et les deux tiers sont peu actives (elles sont 12.000 aux Etats-Unis, 3.000 en Grande-Bretagne, 2.000 en Allemagne). Quelque 5 milliards de dollars sont injectés par an dans la recherche publique par les NPO (Non Profit Organizations) dans le monde.Yan de Kerorgue
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