Les espoirs de la "jeune entreprise cotée"

Comment retenir les centres de décision des PME innovantes en France ? Cette question se pose avec encore plus d'acuité depuis l'affaire IDM. Suite à l'échec de sa cotation à la Bourse de Paris en juin 2004 faute d'investisseurs, ce leader mondial français de la thérapie cellulaire a décidé de poursuivre sa route sous la bannière étoilée en se tournant vers le Nasdaq, via une opération de fusion-acquisition.En France, aujourd'hui, seules 4 sociétés biotechs sont cotées contre 96 dans l'Union européenne et 314 aux Etats-Unis. "Si nous ne nous attaquons pas à l'étage boursier, nos fleurons n'ont d'autres choix que le rachat par une entreprise étrangère ou l'exil", martèle Philippe Pouletty, président de l'association France Biotech, qui regroupe les entreprises françaises de biotechnologie. Aussi, France Biotech et le Conseil stratégique de l'innovation (CSI), soutenus par la CDC et Euronext, multiplient-ils les actions de lobbying pour instaurer le statut de la jeune entreprise cotée (JEC).Le dispositif, soumis au gouvernement en décembre 2004 et déjà inscrit au "brouillon de brouillon" du ministre délégué à la Recherche, François d'Aubert, prévoit d'octroyer pendant huit ans après la cotation en Bourse une exonération d'impôt sur les plus-values, les successions et l'ISF à toute PME innovante de moins de 2.000 salariés réalisant moins de 150 millions d'euros de chiffre d'affaires. La JEC serait en outre exemptée de charges sociales sur ses salariés chercheurs et gestionnaires de projets de R&D. "Pour un coût budgétaire modique, la JEC aura un fort effet de levier sur l'investissement privé comme sur l'emploi et la croissance économique", insiste Philippe Pouletty.Tous ne sont pas de cet avis. "La JEC, c'est pour l'instant hors sujet, estime Jean-Louis Fages, directeur général d'A2iA, PME française, leader mondial de la reconnaissance intelligente de caractères. Avant de créer un tel dispositif qui exclura la quasi-totalité des PME innovantes pas assez saines pour réaliser des IPO, il faut d'abord s'attaquer aux financements en amont." Pourtant, des incubateurs Allègre à Oséo Anvar, en passant par le crédit d'impôt recherche, ou encore la jeune entreprise innovante (JEI), de nombreux outils d'aide à l'innovation ont été imaginés.Mais beaucoup d'entreprises soulignent encore leurs trop grandes difficultés à obtenir des aides jugées "peu significatives", comme l'absence d'intérêt des grandes entreprises pour les PME, sans parler de la frilosité du capital-risque. Et Jean-Louis Fages d'agiter la menace de délocalisation d'A2iA si le gouvernement ne remplace pas ces "mesurettes par un véritable plan de bataille". Avec les exonérations totales prévues par la JEC, Philippe Pouletty est dans la même logique du "tout ou rien". "Pas de demi-mesure ni d'exclusion, précise-t-il. Sinon autant ne rien faire."Lors de l'assemblée générale de France Biotech le 7 avril 2004, l'association a reçu le soutien du ministre de l'Emploi, du Travail et de la Cohésion sociale, Jean-Louis Borloo, pour l'instauration de la JEC. François d'Aubert précise que Bercy suit le projet "avec sympathie", même s'il ne "devrait pas être adopté en l'état".Lionel Lévy
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