Legris Industrie, Sollac, EDF, la Cogema... les formations à l'économie distillées au sein des entreprises se multiplient. Une fois n'est pas coutume, ces journées ne sont pas réservées aux cols blancs mais à l'ensemble des salariés. "C'est une préoccupation assez récente", constate François-Xavier Simon, directeur du pôle finance gestion à la Cegos, qui ajoute : "D'un côté, les collaborateurs veulent savoir comment fonctionne l'entreprise, de l'autre, les financiers sont souvent confinés dans leur tour d'ivoire. Enfin, l'encadrement intermédiaire ne sait pas toujours comment cela fonctionne."Côté employeur, la démarche est astucieuse qui consiste à recourir à ces formations éclairs qui allient le ludique au pédagogique pour faire passer un message fort. Chez Sollac Méditerranée, il s'agissait de sensibiliser les cols bleus aux contraintes de flexibilité de l'activité du site sidérurgique de Fos-sur-Mer. "Nous devions, d'une part, adapter le fonctionnement de l'usine aux aléas du marché et, d'autre part, réduire le stock de matière première et de pièces de rechange, ce qui perturbait fortement le quotidien des opérateurs", se souvient Christophe Petit, responsable du processus fonte.Implication. Le projet mené par la Cogema répondait à une logique d'évolution des contrats. Il fallait passer d'une logique de prix de revient à une logique de forfaits. Un changement loin d'être anodin, qui induisait une modification du comportement des collaborateurs. Enfin, le retrait il y a un an de Legris Industries de la Bourse a généré un endettement important. L'enjeu est d'impliquer plus fortement les 3.200 salariés dans la rentabilité économique du groupe.Pour plonger le personnel aux sources de l'économie, ces formations sont le plus souvent participatives et surtout pragmatiques. "Nous partons souvent d'une analogie avec la vie privée, par exemple la gestion du budget familial avec les arbitrages nécessaires sur les coûts." Si ces formations familiarisent les employés aux mécanismes financiers clés, la journée d'apprentissage est aussi l'occasion pour le collaborateur de repérer sa propre contribution à la création de valeur de son employeur. "Le problème de la créance client peut être évoqué dans certaines entreprises en abordant notamment l'impact causé par un retard de paiement. Nous demandons aussi aux salariés de plancher sur de nouveaux indicateurs de performance ou de proposer des actions à leur échelle, pour améliorer la rentabilité des capitaux employés", souligne François Xavier Simon.Et Christophe Petit de renchérir : "L'intéressement des 3.500 employés de l'usine est calculé sur deux ratios : le résultat d'exploitation et la rentabilité des capitaux employés. Aujourd'hui, n'importe quel opérateur maîtrise le mécanisme de ces deux ratios et connaît précisément leur impact sur sa prime." Au-delà de leur vocation pédagogique, ces formations permettent ainsi aux salariés de se positionner comme acteurs de l'entreprise.Sandrine L'Herminie

latribune.fr

26 Sept 2008, 6:50

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