Les experts-comptables veulent s'imposer sur le terrain social

Pour les experts-comptables, l'année 2006 sera définitivement sociale. Avant le prochain congrès de l'Ordre des experts-comptables en octobre, qui se veut fondateur en la matière, l'Ordre de Paris-Île-de-France a décidé de placer, aujourd'hui, son assemblée générale sous le signe de la formation et de la gouvernance sociale. "Le thème est abordé sous le prisme de l'entreprise, mais aussi de nos cabinets d'expertise comptable où la formation est une garantie de compétences pour nos clients et notre environnement", souligne André-Paul Bahuon, président de l'Ordre des experts-comptables de Paris-Île-de-France.Pour la profession, il n'est pas question de voir son champ d'intervention limité à la paye mais au contraire de l'étendre à l'accompagnement en matière de gestion des ressources humaines. L'étude menée par l'Ordre de Paris-Île-de-France auprès de 480 chefs d'entreprise du bassin parisien sur la formation professionnelle, et rendue publique aujourd'hui lors de l'assemblée générale, montre que la profession a une carte à jouer pour aider des entreprises de bonne volonté mais loin d'être en pointe. "Le tableau est mitigé", confirme André-Paul Bahuon.À la base, le constat est pourtant encourageant : la formation continue est vue, par plus de 80 % des dirigeants, comme une chance pour les entreprises comme pour les salariés. "Nous avons pris conscience que la formation est un véritable investissement", se réjouit André-Paul Bahuon. Mais dans le même temps, moins d'une entreprise sur deux dispose de plans de formation. Par ailleurs, ces plans sont en grande majorité conçus en interne. Seuls 24 % recourent à un conseil extérieur. Les experts-comptables ont sûrement un effort à fournir de ce côté-là.Manque de temps. L'étude montre également que les entreprises n'utilisent pas tous les moyens mis à leur disposition. Si 73 % connaissent les organismes de financement de la formation continue, seuls 40 % participent aux actions et opérations qu'ils proposent. Par ailleurs, les chefs d'entreprise portent un regard peu amène sur l'environnement réglementaire et législatif. Seuls 27 % pensent que la multiplication des réformes sur la formation est un accélérateur pour la formation continue en interne. À côté, 40 % jugent cette multiplication de réformes sans incidence et 33 % estiment, eux, que c'est un frein. Les raisons invoquées ne surprendront pas : complexité de mise en oeuvre (74 %), manque de temps (56 %) et coût (21 %). Pour André-Paul Bahuon, le traitement fiscal réservé au DIF (droit individuel à la formation) pose en particulier problème. Accorder la déductibilité immédiate pour les provisions constituées ou à constituer permettrait d'avoir un facteur d'accélération plus fort.Simplifier les mécanismes. Car, pour l'instant, le DIF, qui offre à chaque salarié 20 heures dans l'année pour se former, ne s'est pas encore imposé. 37 % ne l'appliquent pas. Ce sont surtout les entreprises de plus de 5 salariés qui se sont converties (88 %). Plus de la moitié de ceux qui ne l'appliquent pas citent pêle-mêle, pour se justifier, la taille réduite de leur entreprise, le peu d'intérêt des salariés, le manque de temps et l'absence de besoins. 27 % ajoutent que cela coûte cher. En fait, 40 % des entreprises pensent que le DIF tout comme la validation des acquis de compétences (VAE), ne sont pas adaptés à l'amélioration de la formation continue. La VAE a toutefois meilleure presse : 34 % y voient une amélioration, contre 26 % pour le DIF. Quant aux formations par Internet, elles restent marginales : 9 % y recourent...En dépit de ce bilan en demi-teinte, la formation devrait se développer. 71 % des chefs d'entreprise ont l'intention de davantage former leurs salariés et 59 % de se former davantage eux-mêmes. Mais les mécanismes mis à leur disposition devront être améliorés, en particulier sur le plan fiscal et en termes de simplification. "Il faut aussi rappeler dans les PME l'intérêt de la formation pour la performance de l'entreprise et comme facteur de bonne gouvernance sociale", conclut André-Paul Bahuon.
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