Nathalie Esnault : " La culture du statut reste très forte "

Envoyer ses cadres dirigeants en formation obligatoire et régulière fait aujourd'hui partie des moeurs managériales ?Il n'est pas anodin que les entreprises - en tout cas les grandes - sont de plus en plus nombreuses à définir des référentiels de compétences stratégiques au travers desquels elles évalueront, entre autres, la capacité de leurs cadres dirigeants à faire évoluer leurs collaborateurs et à évoluer eux-mêmes. Et même il s'agit encore d'indices relativement marginaux dans la notation, cette tendance fait directement écho à une logique d'investissements dans la formation des staffs dirigeants. Au même titre que le développement des universités maison et des centres de ressources intégrés.Le top management français n'est-il pas plutôt réfractaire à la formation ?Les entreprises françaises restent, il est vrai, attachées à la culture du statut. C'est flagrant dans certains secteurs d'activité, comme dans la banque. La formation des dirigeants, c'est la victoire de la culture du leadership sur celle du statut. Les Anglo-Saxons n'hésitent pas à investir dans un modèle du leadership. American Express, par exemple, a véritablement institutionnalisé la formation des cadres dirigeants. Nous formons 120 managers sur les styles de leadership. Tous les cadres dirigeants y passent. Ils vivent cela non seulement très bien, mais on peut dire qu'il s'agit pour eux d'un moment attendu, une pause, une occasion de détente. Un stage, pour une équipe dirigeante, c'est souvent la seule occasion de se retrouver dans un environnement qui permette les échanges.La formation des cadres dirigeants se fait-elle au détriment de la majorité des salariés ?Une étude interne de la Cegos montre que ceux qui accèdent le plus à la formation sont ceux qui, au regard d'une lecture égalitariste, en auraient le moins besoin, c'est-à-dire les bac + 5 et les cadres dirigeants. La formation initiale appelle la formation continue. C'est une vraie tendance, dont on peut logiquement déduire qu'elle agit au détriment des autres populations dans l'entreprise.Le top management bénéficie-t-il d'approches spécifiques en matière de formation ?Beaucoup de programmes requièrent a priori les mêmes approches et les mêmes ressources, quels que soient les publics. Dans les faits pourtant, les cadres dirigeants bénéficient souvent de moyens particuliers, qui traduisent un souci d'optimisation des formations au niveau RH : stages " ouverts ", organisés sur deux jours, hors les murs de l'entreprise, avec la participation de conférenciers de renom... Bref, plus on cible haut dans la hiérarchie, plus on investit. D'autant qu'apparaissent de vrais enjeux en interne. Les séminaires de cadres dirigeants relèvent de ce qu'on appelle les " projets sous contrôle ". Une expérience peu concluante ne serait pas pardonnée à la DRH ou à la direction formation.
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