Ces entreprises qui renvoient leurs cadres à l'école

En 2003, le groupe Vedior France, tout nouvellement constitué, créait une université d'entreprise pour le top management des 8 sociétés filiales. Objectif : jeter les bases d'un socle culturel commun et encourager le réflexe d'appropriation identitaire à l'échelle du groupe. Conçus et animés en partenariat avec l'ESCP EAP, les contenus de formation se sont fondus au sein d'un programme sur deux ans, " planète talents ", renouvelé en 2006. Douze journées de formation obligatoire pour les 120 cadres dirigeants de Vedior France, via des stages de deux ou trois jours.Au programme : team building, business games, négociation... Des groupes hétérogènes de 12 personnes ont été constitués, qui restent les mêmes durant les deux années du programme. Directeurs de zones, responsables des ressources humaines ou financiers suivront ainsi, ensemble, les mêmes formations. " À ce niveau de responsabilité, on s'adresse à des managers plus qu'à des experts. Il fallait leur donner l'opportunité de s'ouvrir à d'autres périmètres compétences que les leurs ", explique Valérie Decaux, DRH de Vedior Bis.Profession de foi. Soumettre les cadres dirigeants à des stages intensifs et réguliers de formation c'est, pour une entreprise, faire acte majeur de profession de foi. Il s'agit d'affirmer l'engagement de l'autorité face à ses responsabilités, en jouant la carte de l'exemplarité tout en validant la pertinence et l'opportunité des contenus de formation qui seront ensuite dispensés aux collaborateurs. En se formant les premiers, les cadres " sup " s'approprient, d'une part les contenus et donc les messages, d'autre part scellent leur légitimité exécutive et décisionnaire. Bref, ils communiquent. " Ils sont d'excellents vecteurs de transmission des procédures et des schémas de fonctionnement de l'entreprise. La formation, c'est un investissement en communication ", souligne Patrick Basquez, directeur général délégué aux ressources humaines de GSF.Le groupe français, spécialisé dans le nettoyage industriel (18.500 salariés en France), consacre 2,9 % de sa masse salariale à la formation. De cette manne budgétaire, les cadres sont les premiers bénéficiaires : " 40 % de la formation concernent les personnels d'encadrement. Nous veillons à viser un bon équilibre, mais on ne pourra jamais atteindre un ratio égalitaire ", commente le DG. Chez GSF, la formation fait office de rite initiatique : tout le monde y passe. Aucune dérogation possible, le dispositif est verrouillé. Tout cadre nouvellement intégré se verra immédiatement inscrit en " stage ouvrier " : de trois jours à deux semaines d'immersion dans la réalité opérationnelle de l'entreprise. L'année de sa prise de fonction, un chef d'établissement - ils sont une centaine - suit a minima huit semaines de formation (argumentaire, pratique commerciale, pratique administrative, performance commerciale). Tous les deux ans, les directeurs régionaux, attachés de direction et chefs d'établissement recevront une piqûre de rappel autour de la prévention des situations à risque. Plus les hautes instances dirigeantes sont impliquées, plus la dimension " obligatoire " s'affranchit de toute connotation de coercition.Diversité culturelle. Chez HR Access Solution, éditeur de solutions de gestion des ressources humaines, toutes les formations diffusées dans l'entreprise sont préalablement dispensées au comité de direction. Impensable dans un contexte industriel, la validation systématique et in vivo de l'ensemble des stages par les instances dirigeantes reste le privilège d'entreprises de service majoritairement staffées en profils cadres. Fililale de l'américain Fidelity Investment, HR Access Solution a son siège européen à Paris, où travaillent plus de 500 personnes.La société, qui n'a que trois ans d'existence, voit ses effectifs croître chaque année de 33 %. Les 5 membres du comité de direction président tous une représentation nationale, jusqu'au CEO (chief executive officer) qui vient des États-Unis. " Cette diversité culturelle sous-tend fortement l'orientation de certaines formations. Ce sont autant d'occasion de rencontre avec les homologues à l'étranger, notamment outre-Atlantique ", explique Roselyne Loeb, DRH de HR Access Solutions. Cette entreprise consacre 11 % de sa masse salariale dans la formation. Ce qui se traduit pour les membres du comité de direction par un stage trimestriel obligatoire. Les contenus seront ensuite dispensés aux autres collaborateurs de l'entreprise, dans les mêmes conditions et le même décor.
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