Lille : petit budget, gestion carrée

Le LOSC, c'est un peu l'"anti-PSG" : avec quatre fois moins d'argent (20 millions d'euros de budget), sans "stars" ni stade digne de ce nom, le Lille Olympique Sporting Club talonne Lyon et Marseille dans le tiercé de tête du championnat et s'invite en coupe de l'UEFA. La performance des "Dogues" est d'autant plus remarquable que la remontée de Lille en Ligue 1 date de la saison 2000-2001... après un demi-siècle d'absence dans l'élite."Notre secret ? On essaie de gérer ce club comme une PME qui ne se prend pas pour une multinationale : nous ne dépensons pas plus d'argent que nous n'en avons, nous misons sur les joueurs maison et nous rendons des comptes à nos actionnaires. Rien de révolutionnaire pour les entreprises, mais c'est encore atypique dans le football", s'amuse Xavier Thuilot. A trente-huit ans, le jeune président délégué du LOSC - ancien de Sup de co et titulaire d'un DESS d'économie du sport - est emblématique d'une nouvelle génération de managers qui voit le foot comme "une entreprise de spectacle dont le but est de faire des profits". Et il ne se sent pas du tout concerné par les "affaires" : "Chez nous tout est transparent..."Depuis la privatisation du club par la mairie de Lille en 1999, le LOSC n'a pas déçu ses actionnaires : Michel Seydoux (54 % du capital) et Isidore Partouche (40 %), qui ont succédé en 2002 au tandem Luc Dayan-Francis Graille. Le LOSC a ainsi été élu "club le mieux géré de France" entre 2000 et 2003 par l'Expansion. Moins performant l'an dernier (10e du championnat), Lille a toutefois terminé la saison 2003-2004 sur une perte de 2,7 millions d'euros... à comparer avec un "trou" de 31 millions au PSG. Du coup, les grandes familles du Nord s'affichent en supporters de ce club "prolétaire" : les casinos Partouche sont sponsors, l'équipementier Décathlon (propriété des Mulliez) fournit le maillot rouge, et le Crédit du Nord vient de prendre 2 % du capital pour 600.000 euros...Les bonnes résolutions des dirigeants lillois résisteront-elles à la manne des droits TV ? La saison prochaine, le club table sur un budget en forte hausse à 30 millions d'euros. "Personne n'est à l'abri d'une relance de la spirale des transferts, mais nous ne dérogerons pas à nos règles de saine gestion", assure Xavier Thuilot. Car au LOSC, un sou est un sou. Le nouveau siège du club est à l'image de son train de vie : modeste. Situé dans les faubourgs de Lille, le "centre Vauban" est un immeuble gris des années 70 qui n'abrite que 20 administratifs. "Nous préférons investir dans les joueurs, le centre de formation et surtout le stade, qui doit devenir un centre de profits avec plus d'abonnés, un carré VIP et des boutiques de produits dérivés", explique Xavier Thuilot.Un "exil"Le LOSC mise sur son futur stade Grimonprez-Jooris 2, qui sera financé à hauteur de 50 millions d'euros par la mairie et la communauté urbaine de Lille. Gros problème : ce projet qui prévoit de passer de 20.000 à 33.000 places vient d'être bloqué en justice par des associations de sauvegarde du patrimoine. L'arène historique du club est en effet située au pied de la citadelle Vauban... Résultat, le LOSC reste pour le moment "exilé" au Stadium de Villeneuve-d'Ascq qui, avec ses 18.000 places, n'est pas aux normes de la Ligue 1. "La poursuite de notre aventure dans l'élite est suspendue au grand stade Grimonprez-Jooris 2", prévient Xavier Thuilot. La réponse de la cour d'appel de Douai sur le fond tombera le 8 juillet, au moment de la trève estivale...Jean-Christophe Féraud, à Lille
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